La passe d’armes se poursuit au sein de la classe politique autour des photos du renvoi dans leur pays de deux pêcheurs nord-coréens par les autorités du Sud, en novembre 2019.
Ces images ont été rendues publiques mardi par le ministère de la Réunification, qui les avait prises au moment des faits. Il a alors qualifié d’erronée la décision de les expulser, prise par le pouvoir de l’époque.
Dès le lendemain, la présidence de Yoon Suk-yeol s’est exprimée sur cette affaire. Selon elle, si ces marins ont été rapatriés contre leur gré en dépit de leur intention de faire défection au Sud, il s’agit d’un acte de crime contre l’humanité. Il faut apporter des éclaircissements au processus de décision, plutôt qu’à l’histoire des deux hommes, qui auraient assassiné 16 de leurs collègues à bord d’un navire.
Interrogé sur la question de savoir si cette accusation constitue un règlement de comptes entre l’administration de Moon Jae-in et celle de son successeur, le Bureau présidentiel a répondu qu’il était hors de question.
Le Parti du pouvoir du peuple (PPP) a lui aussi dénoncé une suppression des droits humains, et promis d’emblée la création de sa propre task force chargée de faire la lumière sur l’affaire, voire une enquête parlementaire ou la nomination d’un procureur indépendant. Selon le chef intérimaire de la formation présidentielle, aucun pouvoir sud-coréen n’a le droit d’extrader de force les déserteurs nord-coréens vers leur pays.
Dans le camp d’en face, le Minjoo, l’ex-majorité présidentielle, mais désormais dans l’opposition, a répété qu’il n’était pas raisonnable de protéger les auteurs d’une mutinerie, confirmée, selon le chef de son comité d’urgence, après leur interrogatoire. L’un de ses députés, qui avait occupé un poste important à la Cheongwadae sous Moon, a lui aussi mis en avant que l’intention des deux nord-Coréens de faire défection avait manqué de consistance.
Dans ce contexte, les associations de réfugiés nord-coréens au Sud et des ONG pour les droits de l’Homme au nord de la péninsule ont tenu hier une conférence de presse devant le siège de l’Assemblée nationale. Elles ont demandé de tirer l’affaire au clair et d’en sanctionner les responsables.