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Large victoire de Moon Jae-in à l’élection présidentielle

Info plus2017-05-10
Large victoire de Moon Jae-in à l’élection présidentielle

Sans surprise, le grand favori des sondages a remporté la présidentielle 2017 de la Corée du Sud. Le dépouillement des bulletins a débuté aussitôt après la fermeture des bureaux de vote hier soir et s’est terminé ce matin vers 7h. Avec au total 13 423 800 voix, Moon Jae-in est élu président de la République par 41,08 % des électeurs sud-coréens. Le conservateur Hong Joon-pyo du Parti Liberté Corée s'est incliné avec 24,03 % des suffrages exprimés. Ahn Cheol-soo, le candidat du Parti du peuple, centriste, est quant à lui arrivé en troisième position en mobilisant 21,41 % des personnes inscrites sur les listes électorales. Yoo Seung-min du Bareun, un autre député conservateur, et Sim Sang-jung du Parti de la justice, progressiste, sont respectivement soutenus par 6,76 % et 6,17 % des électeurs. Tous les autres prétendants sont à moins de 1 %.

Le scrutin devait avoir lieu en décembre. Il a été avancé en raison du « Choi Gate », un vaste scandale de corruption et d’abus de pouvoir. Son nom vient de Choi Soon-sil, la conseillère occulte et amie de 40 ans de l’ex-présidente Park Geun-hye. Ce scandale a conduit au vote par le Parlement de la motion d’impeachment de cette dernière. Depuis, la Maison bleue est vacante et le Premier ministre Hwang Kyo-ahn a assuré l'intérim de la présidence. Suite à la décision de la Cours constitutionnelle qui a validé, le 10 mars, la destitution de la locataire de la Cheongwadae, le président par intérim a désigné le 9 mai pour la journée de la présidentielle.

La destitution de Park a eu des impacts sur le déroulement des campagnes présidentielles. Sa déchéance a entraîné les partis conservateurs dans sa chute. Sur l’échiquier politique, seuls les candidats des partis d’opposition étaient visibles au début. Moon Jae-in, qui restait toujours en tête des sondages, était talonné par le candidat du Parti du peuple Ahn Cheol-soo. Lorsque ce dernier a officialisé sa participation à la course présidentielle, sa cote de popularité a connu un bond spectaculaire. L’écart entre les deux candidats n’a cessé de se resserrer pour finir par être inférieur à la marge d'erreur. Pendant un moment les électeurs conservateurs qui n’adhèrent pas à cet ancien avocat spécialisé dans les droits de l’Homme, ont soutenu le fondateur d’Ahn lab, une société d’antivirus.

Pourtant, le résultat de l’élection montre que la deuxième place est attribuée au conservateur Hong Joon-pyo. Le duel entre Moon et Ahn n’a pas duré longtemps face au regain de popularité du candidat conservateur. Hong a réussi à séduire de plus en plus d’électeurs de la droite au détriment du candidat centriste. Ainsi, le dernier sondage effectué à J-6 du scrutin a montré que les deux adversaires de Moon se disputaient la deuxième place. Et comme nous le savons tous aujourd’hui, le candidat issu du parti de la présidente déchue est arrivé derrière le vainqueur.

Le mandat du président a déjà commencé. Après avoir entériné sa victoire à la présidentielle, la Commission électorale nationale (NEC) a délivré une attestation à son mandataire. Ainsi, Moon est devenu le premier président de la République de Corée à prendre ses fonctions sans mettre sur pied une équipe de transition. En tant que chef suprême des armées, il a été briefé ce matin par Lee Sun-jin, chef d’état-major des armées, au téléphone sur la situation nord-coréenne.

Le premier défi à relever est la cohésion sociale. Comme nous montre le résultat du scrutin, Moon n’a pas bénéficié du soutien de près de 60 % des électeurs. D’ailleurs, son parti ne compte que 120 parmi les 299 sièges de l’Assemblée nationale. Sans majorité, il est obligé de compter sur l’appui des autres partis pour diriger le pays. Ensuite, la sécurité est un enjeu impératif. Au-delà des menaces militaires grandissantes de Pyongyang, Séoul fait face au durcissement de la politique nord-coréenne de Washington. De plus, la relation avec la Chine ne cesse de se dégrader autour du déploiement du bouclier américain THAAD sur le sol sud-coréen. Dans ce contexte tendu, Moon s’est engagé à dialoguer avec les pays concernés en se basant sur l’alliance avec les Etats-Unis pour sortir de cette impasse. Il est ainsi prêt à se mettre autour de la table pour discuter avec le régime de Kim Jong-un.

Le contexte économique ne lui semble pas favorable non plus. Durant la campagne, les considérations économiques l’ont même emporté sur les relations compliquées avec la Corée du Nord. Rappelons que Washington fait peser de plus en plus de pression sur Séoul en imposant des taxes anti-dumping sur les produits « Made in Korea ». Donald Trump envisage même de renégocier l’accord de libre-échange entre les deux pays. La création d’emplois de qualité, engagement clé de Moon Jae-in, n’est pas non plus chose aisée. Malgré toutes ces difficultés, la population sud-coréenne espère que leur nouveau dirigeant construira un meilleur pays.

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