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La Peninsule coréenne de A à Z

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Pourparlers à six

4e round (phase 1)

Grandes lignes

Lieu et place
Lieu et place 26 juillet – 7 août 2005, Pékin (Chine)
Représentants
  • Song Min-soon, vice-ministre des Affaires étrangères et du commerce extérieur
  • Kim Kye-gwan, vice-ministre des Affaires étrangères
  • Christopher Hill, sous-secrétaire d’Etat pour l’Asie de l’Est et le Pacifique
  • Wu Dawei, vice-ministre des Affaires étrangères
  • Sasae Genichiro, directeur général adjoint du bureau des affaires asiatiques et océaniques
  • Alexander Alexeyev, vice-ministre des Affaires étrangères

Résultats

  • Echec pour trouver un accord sur une déclaration commune, malgré 13 jours de discussions, principalement à cause du différend entre Pyongyang et Washington sur l’utilisation civile du nucléaire par la Corée du Nord.
  • Annonce par le président de trois semaines de suspension des discussions, pour tenter de garder les négociations sur les rails.
< Déclaration du président >
Estime que les 6 pays en présence, d’accord sur le principe de la dénucléarisation, ont fait des progrès sensibles et ont approfondi leur compréhension mutuelle / le 4ème round des pourparlers devra reprendre la dernière semaine d’août, après une période de suspension pendant laquelle les délégués se concerteront avec leurs gouvernements respectifs.

Principaux points: le droit, pour la Corée du Nord, de disposer de la technologie nucléaire pour des applications civiles et pacifiques

La Corée du Nord insiste pour conserver le droit d’utiliser des technologies nucléaires à des fins civiles

  • Affirmant que ce droit est naturel pour un Etat souverain, la Corée du Nord affirme qu’elle ne renoncera pas à son programme de réacteurs civils à eau légère.
    ※ Pendant que se déroule ce quatrième round, un commentaire fait par Baek Nam-sun, le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, au cours d’une réunion au niveau ministériel du Forum régional de l’Asean, fait allusion au retour de la Corée du Nord au sein du TNP, le traité de non-prolifération nucléaire, et au droit des signataires du traité à posséder des technologies nucléaires à des fins pacifiques.
  • Le vice-ministre nord-coréen Kim Kye-gwan déclare, pendant la période de suspension, que les Etats-Unis doivent revenir sur leur position « d’empêcher toute forme de technologie nucléaire quelle qu’elle soit ».

Etats-Unis: les réacteurs à eau légère sont hors de question / toutes les technologies nucléaires seront sujettes au démantèlement complet et irréversible

  • Rappelant la violation par la Corée du Nord de l’accord de Genève de 1994 et la possibilité de détourner des technologies nucléaires civiles à des fins militaires, les Etats-Unis maintiennent que la Corée du Nord doit renoncer à son programme de réacteurs à eau légère.
  • Toute technologie nucléaire doit donc être abandonnée, et la Corée du Nord doit se conformer aux conventions internationales en la matière (signature du traité de non-prolifération etc.).
  • Christopher Hill appelle la délégation nord-coréenne à « retourner à Pyongyang et y expliquer que la question des réacteurs à eau légère ne fait tout simplement pas partie des négociations ».

Corée du Sud - Chine: efforts de médiation

  • Chine : propose que la Corée du Nord « se conforme aux obligations du traité de non-prolifération, et profite des droits conférés aux pays membres » / repoussé par la Corée du Nord.
  • Corée du Sud : propose que le Nord « se conforme aux obligations et jouisse de ses droits à utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques en tant que membre du traité de non-prolifération » / repoussé par la Corée du Nord.
    ※ La Corée du Sud propose que de l’électricité soit directement acheminée en Corée du Nord, afin de répondre au vœu des Etats-Unis de ne pas terminer la construction des réacteurs à eau légère, tout en satisfaisant les besoins énergétiques nord-coréens.

Evaluation de la rencontre

Plus long des rounds des pourparlers de Pékin / efforts fournis pour arriver à une déclaration commune

  • L’arrêt pendant 13 mois des discussions sur le nucléaire nord-coréen a amené les pays participants à adopter une attitude plus sincère. Il y a de réels efforts pour arriver à des résultats concrets.
  • Malgré les inquiétudes concernant la possibilité de voir plusieurs points de friction, dont le programme nord-coréen d’enrichissement d’uranium, les droits de l’Homme ou les missiles, s’interposer dans les négociations nucléaires, la Corée du Nord comme les Etats-Unis ont réussi à s’en tenir au cœur du débat. Les deux pays se sont contentés de déclarations générales sur ces sujets annexes. Il faut y voir la volonté de Washington et de Pyongyang d’adopter une position plus pragmatique, et la volonté de parvenir à un accord concret.
    ※ Seul le Japon a tenu à évoquer pendant les débats la question des Japonais enlevés par la Corée du Nord dans les années 70 et 80 ainsi que celle des missiles nord-coréens, soulevant l’inquiétude parmi les autres délégations, qui craignaient les dérapages autant que les blocages.
  • Les quatre journées prévues à l’origine ont été étendues à treize jours et quelque 100 sessions bilatérales et multilatérales. De « petites rencontres entre délégués de haut rang » ont été introduites pour la première fois, et ont produit des résultats encourageants.

Progrès dans les négociations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, et compréhension mutuelle

  • Au cours de ces treize jours de négociations intenses, les six délégations ont réussi à ajuster sensiblement leurs propositions. En particulier, une dizaine de sessions entre nord-Coréens et Américains leur ont permis de mieux se comprendre.
  • Bien que la question de l’utilisation civile du nucléaire par la Corée du Nord reste une sérieuse difficulté, les Etats-Unis ont finalement reconnu que la possibilité que la Corée du Nord abandonne ses ambitions nucléaires pouvait être réelle. De son côté, l’attitude de Pyongyang a été plus flexible. La Corée du Nord a obtenu l’accord des envoyés américains pour travailler sur la normalisation de leurs relations dans un cadre bilatéral.
    ※ La Corée du Sud a joué un rôle de coordinateur décisif entre les deux pays.

Période de suspension, pour relancer la dynamique

  • Les participants espéraient pouvoir annoncer une déclaration commune plutôt que l’habituelle déclaration du président, mais certaines questions, comme le nucléaire civil, ont empêché le consensus.
  • Plutôt que de clore ce 4ème round, les délégations ont préféré le suspendre pour tenter de préparer, avec l’accord de leurs gouvernements, une « déclaration de principes et d’objectifs » qui pourrait servir de base au prochain round de discussions.

Accord général concernant des principes comme la dénucléarisation de la péninsule coréenne

  • Les six pays ont une nouvelle fois annoncé leur volonté de dénucléariser la péninsule. La Corée du Nord a donné son accord pour abandonner ses programmes nucléaires militaires, tandis que d’autres pays ont clarifié leur position sur certains points (comme l’aide énergétique). Par ailleurs, les Etats-Unis ont affirmé désirer normaliser, à terme, leurs relations avec la Corée du Nord.
  • La Chine, en tant que médiateur, a élaboré un brouillon de déclaration commune contenant une liste exhaustive des questions abordées. Parmi ces points figurait une proposition baptisée « établir la paix dans la péninsule », qui propose que l’actuel cessez-le-feu de 1953 soit remplacé par la signature d’un traité de paix définitif. ※ Il est à noter que ce brouillon présenté par la Chine est basé sur la déclaration intercoréenne sur la dénucléarisation de la péninsule.