Polémique autour de l’entrée illicite de charbon nord-coréen au Sud
L’entrée illicite de charbon nord-coréen au sud de la péninsule ne cesse de susciter la polémique, d’autant plus que la liste des navires en infraction s’est allongée entre-temps. Ce ne sont plus deux, mais cinq cargos étrangers en tout qui seraient dans le viseur des autorités douanières sud-coréennes. Deux premiers navires ont été accusés d’entrée déguisée en Corée du Sud par le groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ils y auraient déchargé environ 9 000 tonnes de charbon en provenance du Nord. Et les trois autres cargos auraient transporté 15 000 tonnes supplémentaires.
Ce charbon aurait servi à alimenter des centrales thermiques. Le Service des douanes sud-coréennes a révélé les premiers éléments de son enquête dirigée contre la société de l’électricité du sud-est du pays (KOEN). Cette dernière aurait importé un total de 9 703 tonnes d’anthracite, livrées en deux temps par l’intermédiaire d’une société d’import-export dénommée « H » et basée à Pohang sur la côte sud-est du pays. La KOEN aurait signé un marché avec ce partenaire, suite à un appel d’offres pour l’importation de 40 000 tonnes d’anthracite en partance de Russie. Elle a fait savoir que sa propre analyse des composants n’a pas permis de relever de différence entre le charbon importé en question et l’anthracite russe. En fait, la plupart des centrales thermiques sud-coréennes utilisent du charbon bitumineux pour produire de l’électricité. La centrale thermique de Yeongdong, exploitée par la KOEN, fait partie des rares exceptions qui ont opté pour l’anthracite.
La résolution onusienne 2371 adoptée en 2017 interdit tout revenu tiré des exportations nord-coréennes, notamment dans les secteurs du charbon. Le texte stipule que la Corée du Nord « ne doit pas fournir, vendre ou transférer, directement ou indirectement, à partir de son territoire ou par l’intermédiaire de ses nationaux ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant son pavillon, du charbon, du fer et des minerais de fer ». Il demande également à tous les Etats d’interdire l’achat à la Corée du Nord, « par leurs nationaux ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, de ces matières, qu’elles proviennent ou non du territoire » nord-coréen. Donc, le régime de Kim Jong-un violerait cette résolution dans l’ambition d’exporter son charbon en Corée du Sud.
Par ailleurs, Séoul avait déjà déployé son propre arsenal juridique pour interdire les échanges commerciaux avec son voisin bien avant l’adoption du texte onusien en question. Le 24 mai 2010, il avait pris des mesures de sanctions contre Pyongyang en représailles au torpillage de sa corvette Cheonan. Ainsi, l’entrée clandestine de charbon nord-coréen au Sud met en lumière un grand dysfonctionnement dans l’application de ces mesures punitives.