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Pyongyang coupe ses canaux de communication avec Séoul

Gros plan sur l'actualité2020-06-13

ⓒYONHAP News

L’agence de presse officielle nord-coréenne (KCNA) a annoncé, mardi, que son pays allait complètement « couper et abandonner » tous ses canaux de communication avec son voisin du Sud, le jour même à partir de midi. Elle a énuméré une liste en évoquant notamment les lignes téléphoniques au sein du Bureau de liaison intercoréen, celles entre les autorités militaires des deux côtés, et la hotline reliant la Cheongwadae et le siège central du Comité central du Parti des travailleurs. Selon la KCNA, Kim Yo-jong et Kim Yong-chol, respectivement la première vice-directrice et le vice-président du comité en question, ont souligné la veille que « les projets en direction de la Corée du Sud devaient désormais être transformés en ceux contre un ennemi ». Ensuite, ils ont ordonné l’interruption totale des communications comme l’une des mesures progressives en ce sens. Ce n’était pas une parole en l’air. Le 9 juin, le pays communiste n’a décroché à aucun appel téléphonique venant de l’autre côté du 38e parallèle.


Pour justifier sa démarche, le royaume ermite a mis en cause le largage aérien de tracts anti-Pyongyang à répétition, orchestré par des associations de transfuges nord-coréens installés au Sud. Le 4 juin, la sœur influente du leader suprême a vivement protesté contre le récent envoi de tels prospectus. Elle a demandé à Séoul de prendre des mesures adéquates pour y mettre un terme, et menacer, sinon, de fermer le Bureau de liaison intercoréen, de démanteler le complexe industriel conjoint à Gaeseong et de rompre l’accord militaire bilatéral signé en septembre 2018.


Le pays communiste a toujours dénoncé l’envoi de tracts hostiles à son égard. La nouveauté, c’est qu’il déverse ces propos acerbes non seulement contre les auteurs de ces opérations, mais aussi contre le gouvernement sud-coréen. En plus, il n’a pas hésité à fustiger « les transfuges » dans le Rodong Sinmun, un média d’information destiné à ses habitants, alors qu’il en avait fait un sujet tabou. Cela laisse penser que Pyongyang se sent plus que jamais irrité par ses relations avec Washington et Séoul depuis l’échec de son second sommet avec les Etats-Unis, et aussi menacé par le bouleversement de la situation politique internationale suite à la crise du COVID-19. Ainsi, le régime de Kim Jong-un tenterait de renforcer l’unité interne et de faire davantage pression sur la Corée du Sud.


Le ministère sud-coréen de la Réunification a aussitôt annoncé une poursuite judiciaire et une dissolution administrative contre deux associations incriminées de transfuges nord-coréens. Mais cette mesure risque de provoquer un conflit interne à cause des ultra-conservateurs. Séoul ne dispose pas d’autre carte à jouer si Pyongyang ne s’en contente pas. Le pays communiste pourrait passer au niveau supérieur, par exemple rompre l’accord militaire intercoréen de 2018 stipulant la cessation de tout acte hostile, ou bien commettre de nouvelles provocations. Par conséquent, le gouvernement de Moon Jae-in voit ses plus grands exploits en rapport avec la Corée du Nord mis en péril, et les relations Séoul-Pyongyang risque de retourner à la case départ, à savoir au niveau d’avant les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, qui ont ouvert une brèche dans leur dialogue.

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