Les députés sud-coréens ont adopté, lundi dernier, la loi visant à interdire l’envoi de tracts anti-Pyongyang et qui prévoit une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. Ce texte ne cesse de susciter une polémique au sein de la communauté internationale, en ce qu’il porterait atteinte à la liberté d’expression.

Au Congrès américain, certains élus ont critiqué cette nouvelle loi. La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères a été interrogée à ce propos dans une interview avec CNN. Kang Kyung-wha a haussé le ton en soulignant que la liberté d’expression était certes un droit de l’Homme fondamental, mais qu’elle n’était pas absolue. Elle a invoqué le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, selon lequel la liberté d’expression peut être restreinte par la loi des Etats afin notamment d’assurer la sécurité nationale.

Du coup, Kang a fait allusion aux tirs au canon antiaérien de l’armée nord-coréenne visant à détruire les ballons contenant des tracts dénonçant le régime de Kim Jong-un. D’après elle, la nouvelle loi a pour objectif d’empêcher ce genre d'incidents au risque de la vie des frontaliers ainsi que l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne.

Cette prise de position est loin de calmer le jeu. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’Homme en Corée du Nord ne l’entend pas de cette oreille en jugeant que la nouvelle disposition enfreint la liberté d’expression et condamne les contrevenants à une peine trop lourde. Tomas Ojea Quintana a ainsi recommandé de faire en sorte qu’un « organe démocratique » réexamine le texte avant sa mise en œuvre d’ici trois mois.

Le ministère sud-coréen de la Réunification n’a pas tardé à réagir. Il a souligné que le texte avait été voté à l’issue d’un débat démocratique à l’Assemblée nationale, qui représente la volonté du peuple.

[Photo : YONHAP News]