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In Front of Your Face : nouveau Hong Sang-soo ?

2021-07-28

Séoul au jour le jour


Le réalisateur Hong Sang-soo n'arrête pas de tourner. Après « Introduction » pour la Berlinale, il présente « In Front of your Face » à Cannes la même année. Même si ce n'est pas en compétition, c'est déjà un petit exploit en soi. Beaucoup de rumeurs courraient sur ce film avant sa projection sur la Croisette. Pas de Kim Min-hee au casting, un changement de style radical du cinéaste ? Voyons ce qu'il en est.


* Du Style

Disons d'emblée qu'il y a effectivement quelque chose de changé au niveau du style dans ce film ; cela ne veut pas dire que Hong va poursuivre sur cette voie, mais essayons d'y voir clair. Sa période des « ciné-radios » semble marquer le pas ici ; en effet, ses six ou sept derniers films étaient totalement liés à des suites de dialogues. Tout était dans le texte et l'image était un support presque accessoire ; d'où l'idée de drame radiophonique. Avec « In Front of Your Face », les espaces et les silences reprennent leurs places. Un peu comme Hong Sang-soo le faisait dans ses premiers films tels que « Le jour où le cochon est tombé dans le puits » ou « Le pouvoir de la province de Gangwon ». C'est pour cela qu'on peu parler d'un retour aux sources dans le style. Le cinéma de Hong redevient un art du cadre et de la saisie de moments flottants atour de performances physiques d'acteurs (pas seulement du « voice acting »).


*Sombre

Il est clair que le thème du film est des plus sombre dans la filmographie chargée de Hong Sang-soo. On avait vu des aspects mystiques s'introduire dans ses derniers films, probablement, sous l'influence de sa muse, l'actrice Kim Min-hee. Elle s'agenouillait pour prier telle un bouddha en Allemagne ; elle recueillait, au ralenti, les flocons de neige par la fenêtre ouverte d'un taxi, elle cogitait sur le sens éphémère de la vie avec le patibulaire Kwon Hae-hyo, acteur qui est aussi au casting du film. Ici, non pas que la mystique ait disparu, mais elle est nettement dépassée par la lourdeur du thème de la mort, de la vieillesse etc. de quoi s'agit-il ? Une actrice vétérante de retour des USA et jouée par Lee Hye-young est entre la vie et la mort. Elle accepte néanmoins de rencontrer un réalisateur. Entre temps, elle se confronte de manière très zen avec sa sœur qui a un caractère complètement opposé. Elle tente de retrouver les espaces d'autrefois, mais il n'en reste plus rien. Pourtant elle continue sa méthode Coué bouddhiste en se répétant que tout est beau et précieux.


*Autobiographie, autoportrait

Hong Sang-soo, s'il fait un peu évoluer son style, ne change pas sa série d'auto-portraits déguisés. Car encore une fois, un personnage de cinéaste est en jeu. Ici, avec l'acteur Kwon Hae-hyo (car Hong ne semble pas avoir trouvé d'autres alter-ego depuis que Kim Min-hee l'a mis au régime et que sa silhouette s'est fortement effilée). Avec Kwon, donc, il s'agit d'un cinéaste à la recherche de projets mais qui ne voit pas qu'il a la possibilité de tourner un petit film avec cette actrice sur le retour. Il promet et ne tient pas sa promesse. C'est un sorte de morale pour les wagons de réalisateurs en herbe qui cherchent des gros projets, des gros budgets et qui ne réaliseront aucun film ou presque. On y voit aussi la méthode de Hong, qui est une semi-improvisation lié à des faits réels qui lui sont arrivés.


Par exemple, il a vraiment directement contacté l'actrice Lee Hye-young pour faire ce film. Il lui a simplement envoyé un texto : « Je m'appelle Hong Sang-soo, je fais des films ». L'actrice n'attendait que ça, et s'est précipitée à sa rencontre. Au passage, on peut remarquer, que le choix d'une actrice âgée pour premier rôle quand sa muse n'est pas à l'écran va peut-être poser d'autres problèmes de casting par la suite. Hong deviendra-t-il le réalisateur des actrices quinquagénaires ? En tout cas, Kim Min-hee, si elle n'était pas devant la caméra, est officiellement membre de l'équipe de production ; une production qui reste tout aussi minimale que dans les films précédents. Hong est partout : scénariste, musicien, cameraman, monteur et producteur.


A ce niveau, on peut dire que Cannes a été un jackpot pour le film qui s'est vendu à plus d'une vingtaine de pays dès le début du festival. Bonne nouvelle pour le couple de producteurs : même si peu de monde va le voir en salle, le film est déjà largement rentabilisé.

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