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Les percussions

Alors que les percussions ont probablement été les premiers instruments de musique, il est probable aussi qu’elles aient été inventées, non pas pour une activité culturelle, mais dans un but pratique. Selon toute vraisemblance, il s’agissait dans les premiers temps de simples appareils sonores utilisés, soit pour effrayer des animaux sauvages menaçants ou indésirables, soit pour se donner des signaux pendant la chasse. A la fin de cette traque d’animaux justement, étant parvenus à les capturer ou à les abattre, les chasseurs-cueilleurs en termes anthropologiques pouvaient utiliser les mêmes appareils sonores pour exprimer leur joie. Ceux-ci devenaient du coup des instruments de musique.


Imaginons cette fois une bataille dans l’Antiquité, des guerriers frappant sur leur bouclier avec leur épée de façon rythmique. Alors qu’ils cherchent par là à intimider l’ennemi, on peut aussi songer à un concert de percussions. Pour en venir aux vrais appareils sonores servant d’arme psychologique en quelque sorte, on peut se demander si deux instruments de musique à percussion, le tambour et le gong, n’ont pas été inventés dans un but militaire. En fait, dans toutes les batailles en Chine ou en Corée ancienne, ils occupaient une place particulièrement importante ; l’un annonçant l’attaque, l’autre la retraite. Le roulement du tambour au rythme de plus en plus rapide aurait fait que le cœur des soldats batte de plus en plus fort, que ceux-ci s’excitent de plus en plus pour finir par ne plus avoir peur de mourir. Quant au son à résonance prolongée du gong, il semblait dire aux combattants que c’était le moment de reculer, qu’il n’était cependant pas question d’arrêter de se battre, voire du sauve-qui-peut, mais de battre en retraite.


Est-ce par hasard qu’une musique rituelle de la cour royale de Joseon s’ouvre sur les coups de tambour et se clôt sur ceux de gong ? Intitulée Jeondaeup, « pose de la pierre angulaire » selon la traduction littérale, elle est dédiée aux fondateurs de la dynastie Joseon qui étaient pratiquement tous des généraux d’armée, des officiers rebelles pour être précis.


Les percussionnistes ne sont que rarement mis à l’honneur en soliste. Il ne s’agit toutefois pas, bien sûr, de négliger leur rôle dans un concert. Dans le monde du pansori par exemple, on dit : « Le tambour d’abord, et le chanteur ensuite ». Cela signifie qu’un chanteur de pansori n’est jamais performant sans avoir eu la chance d’être en compagnie d’un joueur de tambour à la hauteur. Le rôle de celui-ci est effectivement multiple et crucial dans un concert de pansori.


Rappelons qu’un numéro de ce récit chanté dure plus de deux heures, cinq heures pour le plus long. Sans parler de la performance artistique, il s’agit là pour le chanteur d’une véritable épreuve physique. Et tout comme les supporters pour un sportif dans un match, le tambour représente un précieux soutien pour lui. En fait, le seul compagnon de celui-ci sur scène ne demeure pas silencieux : il cadence le chant, non seulement avec son instrument, mais aussi le parfait avec ce qu’on appelle « chuimse », des interjections qui, elles, consistent à remonter le moral du chanteur.


Rappelons aussi que dans le pansori, opéra coréen joué par une seule personne, l’interprète est tantôt narrateur, tantôt personnage. Et le tambour l’aide à se préparer psychologiquement au moment de passer d’un rôle à l’autre, d’un personnage à l’autre ou encore d’une scène à l’autre.


Les percussions occupent aussi une place primordiale dans la musique rituelle chamaniste, et ce sans doute parce qu’un instrument de ce genre, notamment le tambour, a des effets immédiats sur le battement du cœur, à savoir qu’il est particulièrement efficace à provoquer une exaltation ou un enthousiasme.


Une cérémonie chamaniste, un « gut », se déroule effectivement dans une ambiance enivrante, presque délirante. Une fois possédé par l’esprit selon sa prétention, le chaman exécute une danse frénétique, histoire d’amuser l’être invisible qui vient de s’emparer de lui, toujours selon sa prétention. Il s’agit en réalité d’envoûter le public. Enivrés devant le spectacle et assourdis par les sons fracassants des percussions, les gens sont comme ensorcelés et peuvent avoir l’impression d’être transportés, avec le meneur de jeu, le chaman, dans un autre univers. 


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Jeongdaeup » joué par l’orchestre de l’Institut de gukak. 
  2. Un extrait du « Chant de Chunhyang » chanté par Choi Seung-hee avec Kim Myung-hwan au tambour. 
  3. « Accueil de l’esprit » chanté par Seo Han-na. 

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