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Musique de Chuseok

Le ganggangsullae, inscrit en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, est à la fois une danse, un chant et un jeu.


Une danse semblable à la ronde : une dizaine, parfois des dizaines de femmes, forment un cercle en se tenant par la main et tournent en rond. Imaginez ce spectacle se déroulant la nuit, à la lueur de la lune. En effet, à son origine, c’était une activité rituelle à l’occasion de Chuseok, la fête des récoltes et de la pleine lune, le 15e jour du 8e mois lunaire.


Un chant : « ganggansullae » est le refrain d’une chanson qui accompagne cette danse. Que signifie ce mot ? On l’ignore. Autant dire que ce rite saisonnier remonte à la nuit des temps. Certains avancent toutefois une hypothèse selon laquelle « ganggangsullae » aurait été un mot d’avertissement : « Attention ! Les barbares franchissent le cours d’eau ! » Si l’on en croit cette hypothèse, c’est à la saison des récoltes que les Coréens anciens auraient été particulièrement préoccupés par la sécurité de leur pays face à la menace quasi permanente des tribus nomades de l’autre côté du fleuve Yalu et du Tumen, voire de Mandchourie.


Un jeu : pendant les intermèdes, les femmes miment les scènes de la vie à la ferme ou dans un village de pêcheurs. Il faut préciser que le gangangsullae était dans le passé un jeu organisé par les jeunes filles non mariées pour lesquelles le quotidien était d’autant plus ennuyeux qu’elles étaient soumises à des règles restrictives. Par exemple, en milieu rural notamment, elles n’avaient pas le droit de chanter tout haut, ni de sortir la nuit. Chuseok était justement un jour d’exception. En effet, la fête est souvent marquée par la transgression des interdits en temps ordinaire. S’agissant du déroulement du ganggangsullae, la reprise de la danse et du chant après les mimiques exprime ainsi la joie des jeunes filles libérées des contraintes, que ce soit pour une nuit.


Encore un chant se rapportant à une coutume de Chuseok, « Pakyeong » a sans doute été inventé par un chanteur de pansori, un homme d’esprit aussi, qui a pu assister à une lecture de soutra en public à l’occasion de la fête de la pleine lune. Comme à d’autres grandes occasions, une famille aisée du village a payé un moine pour qu’il récite le livre saint en souhaitant le bonheur aux siens. Le chef de famille n’a pas été si égoïste pour croire que la lecture à huis clos serait encore plus efficace pour réaliser un vœu. Par ailleurs, la voix du moine, assez retentissante, pourrait bien s’entendre hors de sa maison. Il a alors permis à ses voisins, à autant d’hommes et de femmes que sa maison pouvait accueillir, d’assister à cette cérémonie. A sa générosité, se mêlait sans doute, pour peu que ce soit, une ostentation. Parmi les gens qui ont profité de cette générosité ostentatoire, notre chanteur de pansori pouvait se trouver.


 Il ne comprend bien sûr rien de ce que le moine récite, car le livre qu’il lit à haute voix est, comme d’autres soutras, en sanscrit. Il ne s’ennuie cependant guère, car la récitation est assez rythmique et mélodieuse. Il retient ce rythme et cette mélodie sur lesquels il va raconter une toute autre chose que ce que le moine récite, et ce en faisant appel à son sens de l’humour.


Selon les paroles de ce chant, on est heureux de façon à se débarrasser des mauvais esprits rôdant autour de nous, ce à quoi fait référence aussi son titre « Pakyeong », « soutra d’exorcisme ». En fait, toujours selon les paroles, assez humoristiques, le monde est plein d’esprits de ceux qui sont morts malheureux et qui, sans quitter ici-bas, cherchent la moindre occasion pour se venger de leur malheur sur les vivants : ceux qui sont morts sans avoir pu mettre fin à leur virginité par exemple, ou un veuf ou une veuve qui a fait ses adieux au monde sans avoir réussi à se remarier. Le chanteur ayant inventé ce texte est sans aucun doute très attaché aux plaisirs sensuels, au bonheur terrestre.


Il cite aussi une femme mariée morte à cause de l’obstruction des voies respiratoires. Que lui est-il arrivé ? Eh bien, une gourmande, alors que son ménage est trop pauvre pour satisfaire son désir, elle vient d’échanger, contre un gâteau appétissant, le riz d’un repas de toute sa famille. Vite, vite, il faut le manger avant que son mari et ses beaux-parents ne le sachent. Hop, elle l’avale. Le gâteau fait fausse route. La gourmande étouffe et meurt de cet accident. A ce passage du texte, notre chanteur est aussi assez moraliste, car la société coréenne traditionnelle considérait la gourmandise comme un défaut.


La liste des esprits qu’il énumère est extrêmement longue. Autant dire que farouche partisan du bonheur d’ici-bas, il est aussi assez superstitieux. En fait, c’était autrefois le cas de plus d’un Coréen. Témoin ce chant d’origine chamanique, « Binari », que le « pungmulpae », l’orchestre amateur d’une commune rurale, chantait en faisant le tour du village le jour de Chuseok. Une chanson souhaitant le bonheur à chaque foyer de façon à chasser les mauvais esprits.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Le ganggangsullae » chanté par Jeoldaegain.
  2. « Le soutra d’exorcisme » chanté par Kim Yu-ri.
  3. « Binari » chanté par Noreummachi.

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