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Cet arbuste à floraison hivernale

#Aux sources de la musique coréenne l 2023-02-02

Aux sources de la musique coréenne

Cet arbuste à floraison hivernale

Shin Heum, un dignitaire et homme de lettres de Joseon dit dans son poème allégorique : 


Le maehwa vivant toute sa vie dans le froid

Ne vend cependant pas son parfum


Le maehwa ou mae tout court est un arbuste connu en Occident sous le nom d’abricotier du Japon. Ses fleurs à corolle blanche et rose éclosent à la fin de l’hiver sur les branches noires apparemment mortes. Ce à quoi fait référence « vivre dans le froid ». Qu’entend alors le poète par « vendre son parfum » ? Il semble faire allusion à une certaine persévérance des kisaeng, les demi-mondaines de Joseon, parmi lesquelles le nom de l’arbuste à floraison hivernale était assez généralisé comme sobriquet : Maehyang, Maechang ou encore Seoljungmae. En fait, ces courtisanes, fières de leur beauté et de leur talent artistique étaient censées ne jamais se donner à contrecœur.


Le romancier Yi Mun-yeol croyait-il à cela ? Voici une scène de sa célèbre nouvelle publiée en français sous le titre de « l’Oiseau aux ailes d’or » :


Un notable provincial a organisé un festin dans une maison de kisaeng en l’honneur d’un peintre-calligraphe célébrissime de passage dans sa ville. Au moment où la soirée est sur le point de s’achever, il demande aux demi-mondaines tenant compagnie aux convives : « Laquelle d’entre vous va accompagner notre honorable invité dans sa chambre ? » Une kisaeng s’avance. Puis elle soulève sa jupe devant l’artiste et étend son jupon. Le peintre sort de son trousseau un pinceau et de l’encre de Chine et lui demande : « Quel est votre nom ? » « Maehyang. », répond la courtisane. Aussitôt dit, aussitôt fleurit un abricotier du Japon sur sa jupe de dessous blanche comme la neige.


Nombreuses sont les chansons de gukak qui sont inspirées par le beau spectacle de la floraison de maehwa. Autant dire que l’éclosion de ses fleurs, le messager du printemps, réjouissait les Coréens. Innombrables aussi sont les poèmes de Joseon sur l’abricotier du Japon, d’autant que tous les hommes de lettres ou presque adoraient, chacun à sa manière, cet arbuste singulier du fait de sa floraison hivernale. L’un de ces poèmes est signé Yi Hwang, un grand philosophe confucianiste, qui vouait un amour inconditionnel à un abricotier du Japon planté dans son jardin. « N’oubliez pas d’arroser mon maehwa », dit-il à son entourage avant de mourir à l’âge de 69 ans. On constate sa passion dans son poème :

 

En me promenant dans mon jardin en compagnie de la Lune

Je reviens toujours auprès de mon maehwa

Je finis par y demeurer si longuement

Que mon corps est imbibé de son parfum, rempli de son ombre


Quant à un autre poème sur l’abricotier du Japon qui, lui, est connu du grand public grâce à une adaptation en chanson, il est attribué à une kisaeng, qui portait le surnom Maehwa. Un poème allégorique dans lequel elle a usé d’un jeu de mots :


Le printemps va-t-il revenir sur les vieilles branches de maehwa

Retrouvera-t-on ses fleurs là où elles ont éclos

Peut-être que la neige de printemps va empêcher la floraison


Au moment où elle écrivait ces vers, Maehwa n’était plus si jeune et était en concurrence avec une novice d’une beauté éclatante, Chunseol qui veut dire « neige de printemps ».


« Que c’est un dur métier que d’être belle femme ». Ce vers de Baudelaire aurait pu retentir dans le cœur de plus d’une kisaeng, et ce d’autant plus qu’elles devaient être conscientes que la beauté d’une femme est éphémère, tout comme les fleurs.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Maehwataryeong » chanté par Song So-hee.

2. « Le Chant du maehwa » chanté par Ari.

3. « La promesse... » chanté par Cho Sun-ja.

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