Aller au menu Aller à la page
Go Top
Le piri

Un jeu de langue qui manipule la sonorité d’un mot. La jeunesse coréenne adore ça. C’est tout simplement parce que c’est amusant et drôle. Prononcez par exemple le nom d’un aérophone coréen, piri, de façon à accentuer la première consonne : « bbiri ». Cela évoque « bbiribbiri », une locution familière qui veut dire « maigre comme un clou ». Le piri est effectivement un instrument à vent dont la colonne d’air est extrêmement fine. C’est à ce jeu de mots que fait référence le nom d’un groupe de jeunes musiciens de gukak, Bbiribbu, dont les deux instrumentalistes sont des joueuses de piri ; le troisième étant un guitariste.


Une création contemporaine interprétée par ce trio est la répétition d’une mélodie assez simple, comme c’est souvent le cas pour une pièce de musique folklorique coréenne. En l’écoutant, on souhaiterait que le discours musical répété ne s’arrête jamais, que ce soit un éternel retour. Tant la mélodie est gaie et légère.


Cette gaité et cette légèreté, voire le sentiment de liberté qu’elle inspire, doivent beaucoup au piri, l’un des instruments de musique les plus vieux et les plus populaires utilisés dans la musique coréenne traditionnelle. Dans le passé, il ne manquait jamais dans un orchestre appelé à animer des fêtes joyeuses. Il avait toujours sa place dans un défilé se déployant à l’occasion d’un heureux événement. Aussi, compagnon d’un voyageur, un vrai qui part pour partir selon Baudelaire, il le distrayait sur sa route solitaire et lui rappelait sa liberté absolue dans son vagabondage, et ce du moins d’après les paroles d’une chanson populaire :


Je ne suis jamais seul avec mon piri

Je suis comme un pigeon qui suit le vent


A quoi ressemble alors cet instrument à vent si cher à un vagabond dans le texte de cette chanson ?


C’est un aérophone en bambou à anche double et à perce cylindrique. Il est percé de huit trous, sept au-dessus et un en-dessous. On en distingue trois types selon la longueur : « hyangpiri », « piri autochtone », qui s’appelait « piri » tout court avant l’introduction de « dangpiri » un aérophone de la même famille venu de Chine de la dynastie Tang, et « sepiri », le plus petit mesurant 7 cm seulement et produisant un son aigu.


Le plus long, hyangpiri, ne mesurant toutefois pas plus de 24 cm, mince et léger, est facile à transporter. Un libertin peut toujours en avoir un sur lui. Intéressé par une jolie passante, histoire de la siffler, il peut en jouer. Un groupe de jeunes musiciens de gukak a pu imaginer ce genre de circonstance pour se faire baptiser Youpiri, « piri pour vous ». En effet, selon leur explication, le nom du groupe exprime leur désir de séduire le public grâce à cet instrument à vent. Un chant folklorique adapté par eux au piri est intitulé justement « Look at me », à savoir « regardez-moi ».


Liste des mélodies de cette semaine

1. « In dodri » interprété par Bbiribbu.

2. « Look at me » interprété par Youpiri.

3. « Pays montagneux et maritime » avec Jin Yun-kyeong au taepyeongso.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >