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Au bonheur des enfants

« On le voit sourire », chante l’interprète du « Chant de Shimchung ». « Le premier sourire depuis qu’il a perdu sa femme », précise-t-il.


Qu’est-ce qui a réjoui ce pauvre homme, un non-voyant par ailleurs, qui, depuis le décès de sa chère épouse, n’a plus comme le sien que sa fille, représentant pour l’instant, non pas un soutien, mais une charge, car c’est encore un nourrisson. Comment nourrir cette petite créature aussi pitoyable que son père, d’autant qu’à cette époque, les Coréens ne considèrent pas le lait de vache comme un aliment ? Le non-voyant, portant son bébé dans les bras, était venu auprès d’un puits, l’unique dans sa petite commune, et ce à la recherche d’une femme qui prendrait en pitié les malheureux père et fille et accepterait de donner son sein au nourrisson.


« Vous pouvez toujours me chercher, quand votre bébé a faim », dit la femme en promettant de continuer de faire sa B.A. Elle précise même : « Je l’allaiterai d’abord, puis mon fils. » Devant cette gentillesse extrême, comment le non-voyant en deuil a-t-il pu s’empêcher de sourire ? En écoutant ce passage d’un célèbre numéro de pansori, le public est lui aussi forcé de sourire, c’est-à-dire de partager la béatitude d’un père monoparental en situation de handicap.


Si, comme cette mère si gentille dans « Le Chant de Shimcheong », tous les parents chérissaient les enfants des autres autant que les leurs ? C’est ce qu’on peut souhaiter en particulier ce 5 mai, la Fête des enfants dans le calendrier sud-coréen.


« Mai, un mois en vert », disent les paroles d’une chanson pour enfant, inventée pour cette fête annuelle. « Nous, les enfants, nous poussons. Aujourd’hui, fête des enfants, le monde nous appartient... » Ce 5 mai, le monde leur semble être à eux, car leurs parents en général acceptant tous leurs souhaits ou presque, les enfants ont l’impression que ce sont eux qui font la loi. Que ces adultes, si généreux à l’égard de leurs progénitures, le soient aussi envers ceux des autres, et ce non seulement le 5 mai, mais aussi tous les jours ! Quel être humain peut être plus fragile qu’un enfant, être si susceptible d’être blessé à l’âme ? Qui d’autre que lui a besoin d’autant de protection et d’affection ? Qui peut être plus précieux que lui ? L’enfant, c’est l’avenir du monde.


 Son enfant endormi a inspiré à une musicienne de gukak, Yu Eun-seon, une mélodie et un texte à chanter sur cette mélodie :


Si tu savais, mon enfant

A quel point le monde est grand

Tu n’en verras qu’une partie seulement

Dors pour l’instant, mon enfant

Pour que tu fasses un beau rêve

Je décrocherai et déposerai à ton chevet

L’astre du matin


La mère souhaite sans doute à son enfant un bel avenir, d’autant qu’elle évoque Vénus, « saetbyeol » en coréen, métaphore d’une personne ayant un avenir prometteur. Vu le titre qu’elle a donné à sa composition musicale, elle souhaite la même chance à tous les enfants. En effet, la chanson s’intitule « Prière pour le beau monde ». Notre musicienne est probablement une mère chérissant d’autres enfants autant que le sien.


Trois jours après la Fête des enfants, le 8 mai donc, toujours selon le calendrier sud-coréen, il s’agit cette fois de rendre hommage à ceux qui ont donné la vie à l’avenir du monde. La Fête des parents, anciennement Fête des mères. Pour que ce jour soit rebaptisé, on s’est peut-être rappelé que tous les enfants ne naissent pas comme Jésus. En fait, il pouvait s’agir du rappel des paroles d’un vieux chant folklorique que l’on entendait et entend toujours en particulier le jour rendant hommage, uniquement aux mères autrefois, à l’un aussi bien qu’à l’autre des deux parents aujourd’hui :


L’univers n’est rien sans homme

Et quel homme est né sans ses parents

Il doit ses os à son père

Il doit sa chair à sa mère

Et son âme à leurs prières au Bouddha


 Il s’agit de « Heoshimgok » dont le passage cité évoque une sorte de trinité : père, mère et Saint-Esprit, n’ayant bien sûr aucun rapport avec la croyance chrétienne. En fait, le « Hoeshimgok », dont le titre veut dire « retour à l’essentiel », est un chant dérivé d’une prière bouddhique, une invention présume-t-on, d’un chanteur de pansori de l’époque Joseon. L’artiste, qui, tout comme ses contemporains, vivait dans la tradition confucéenne insistant comme valeur primordiale sur la piété filiale, n’en aurait pas été moins séduit par le sutra chanté par un moine.


 Mai, c’est sur le calendrier sud-coréen le mois comportant trois fêtes rendant hommage chacune aux trois unités évoquées dans le « Hoeshimgok » : fête des enfants, fête des parents et Nativité du bouddha qui tombe cette année le 19 mai.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Le Chant de Shimchung » par Sung Chan-sun.
  2. « Prière pour le beau monde » par Park Ae-ri.
  3. « Heoshimgok » par An Bi-chu.

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