Aller au menu Aller à la page
Go Top
Thé et musique

Le thé, un compagnon idéal de la musique, notamment du gugak ? Ca dépend, bien sûr, de la mélodie. En écoutant par exemple un morceau de pansori ou un sanjo pour gayageum, on aurait plutôt envie de prendre une boisson alcoolisée. Autrement dit, excité par ce genre de mélodie, on aurait envie de s’enivrer davantage. Par contre, une sonate pour geomungo donnerait plutôt envie de boire un thé en l’écoutant. Le son grave et profond de cet instrument à cordes nous incite souvent à un recueillement, voire une méditation. Et le thé va très bien avec cette pratique mentale, un exercice spirituel.


On peut aussi avoir envie d’écouter une musique en prenant du thé. Et cela dépend cette fois des circonstances dans lesquelles on apprécie le goût de ce breuvage. Un moine bouddhiste du XIXe siècle, Choeui, connu notamment pour son livre « L’Eloge du thé », y écrit : « Le thé a une saveur mystérieuse quand on en boit en solitaire, une saveur agréable à en boire en compagnie d’un visiteur. Quand les convives sont trois, le thé est tout simplement bon. Et au-delà, il n’a plus de saveur si particulière. » Visiblement, ce moine considère que la meilleure façon de savourer un thé est d’en boire seul. Et dans cette circonstance justement, une musique serait particulièrement bienvenue. 


Le grand calligraphe du Joseon Kim Jung-hee est connu aussi comme un grand amateur de thé. Voici un extrait de sa lettre :


« Ici, le froid hivernal est tel qu’il gèle l’eau dans l’encrier chinois et l’alcool dans la bouteille. Dans cette circonstance, ma boite à thé, qui est presque vide, me chagrine énormément, et ce d’autant plus que vous ne répondez pas à mon besoin d’approvisionnement en la matière. Etes-vous donc si peu généreux pour ne pas partager avec un ami la provision du thé dans votre temple ? »


Le calligraphe s’adresse au moine Choeui dont nous avons parlé. Il semble qu’il préférait se procurer de quoi préparer sa boisson préférée auprès d’un temple, et ce sans doute parce qu’il savait que les meilleurs thés étaient conservés dans la maison du bouddha, un peu comme en Europe, on trouve le grand cru en matière de vin dans la cave d’un monastère.


Si l’on en croit une légende, boire du thé serait par ailleurs une pratique d’origine bouddhiste. Voici ce qu’elle raconte : le futur bouddha Siddhârta en méditation se coupa les cils pour lutter contre le sommeil. A l’endroit où furent tombés ces poils poussa une plante : le théier. De ses feuilles, l’ascète prépara une infusion. Celle-ci l’aida à garder la tête claire.


Autant que les moines bouddhistes, les lettrés confucianistes avaient recours au thé pour garder la tête claire. Or, voici ce qui est arrivé d’amusant à l’un d’eux, un certain Sung Hyun, et qui lui a inspiré un poème.


Rappelons d’abord qu’un confucianiste, notamment de l’époque Joseon, était avant tout un liseur. Sans charges, c’est-à-dire sans avoir eu la chance de servir l’Etat, il passait toute sa journée en passant d’un livre à l’autre, et ce pour beaucoup en espérant justement que l’érudition permet l’entrée dans la fonction publique. Il lui fallait demeurer concentré pendant autant de temps, car le livre qu’il lisait n’était pas du genre romanesque, mais le plus souvent un de ces innombrables ouvrages intellectuels chinois. La liste était aussi longue que l’histoire de la Chine. Quand on songe qu’un candidat à la fonction publique avait par ailleurs intérêt à mémoriser ses lectures.


Mais la force de concentration a bien des limites. Elle retombe particulièrement souvent au printemps, saison où l’on est pris d’un symptôme marqué par une perte de vigueur et une fatigue fréquente. Un assez bon remède à ce qu’on appelle la « fatigue printanière » : le thé. Notre intellectuel Sung Hyun, n’arrivant plus à se concentrer sur son livre, en prépare un justement. Il s’agit pour lui de se débarrasser d’un sommeil accablant. Or, voici ce qui s’est passé selon son poème intitulé « Un jour de printemps », une sorte d’épilogue poétique :


L’eau dans ma théière bouillonne comme la pluie

Qui s’abat sur la terre

Je la regarde mon menton sur les mains

Au gazouillis des oiseaux

Je me réveille comme en sursaut

Mon jardin est rempli d’ombres

Jetées par les branches d’abricotier


Il avait fini par succomber au sommeil. Et si, en attendant que son thé soit bon à boire, il pouvait écouter une musique...


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Prière », un extrait de « Yongsanhoesang » par Yi Se-hwan. 
  2. « Le Jardin du vent » avec Kim Kyeong-ah au piri. 
  3. « Gyeongpungnyeon » avec Shin Ju-hee au daegeum.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >