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Le daegeum

Le daegeum, une grande flûte traversière en bambou, mesure effectivement plus de 80 cm. Et c’est sans doute cette longueur qui explique la façon assez particulière d’en jouer. Cet instrument à vent se joue l’un de ses côtés portant le trou d’embouchure posé sur l’épaule gauche de l’instrumentaliste. Autrement dit, celui-ci a la tête tournée d’un côté du début à la fin de son jeu. Une posture qui donne l’impression que le musicien est complètement indifférent au public pour ne jouer que pour son propre plaisir ou qu’il est totalement absorbé par son jeu.


Outre un trou d’embouchure et six de jeu, le daegeum en possède un qu’on appelle « cheonggong », trou de mirliton, qui le rapproche d’un instrument à anche libre. En effet, ce trou est couvert d’une fine membrane végétale qui peut être mise en vibration selon le type ou les parties d’une pièce de musique. On peut dire qu’il s’appelle à juste titre « trou de mirliton ». Voici pourquoi.


Rappelons qu’en musique, le terme « mirliton » comporte plusieurs sens. Il peut désigner un petit instrument de musique populaire. La membrane vibrante du daegeum, faite de roseau, produit effectivement le son d’un sifflet d’herbe, un instrument de musique rudimentaire à la portée de tout le monde. Le même terme désignant aussi un procédé organologique est entendu parfois au sens de faible qualité ou qualité dépréciative de certaines musiques. En fait, l’utilisation du trou de mirliton du dageum donne une gamme diatonique de Si bémol, note qui risque d’être dépréciée quand elle intervient de façon inappropriée. Un virtuose du daegeum est justement celui qui sait utiliser l’anche libre quand il faut et comme il faut. 


L’histoire du gukak a retenu les noms des deux grands virtuoses du daegeum, Jang Yak-dae et Park Jong-ki, tous deux pour une anecdote racontant leur assiduité à la répétition pour perfectionner leur art.


Jang, né à la fin du XIXe siècle comme Park, fut musicien de la cour royale. Selon une légende, une pratique qu’il avait adoptée à la répétition lui aurait valu ce poste assez prestigieux. Pendant 10 ans, il se rendait pratiquement tous les jours au Mont Inwang, une montagne dans le nord de Séoul, son lieu de répétition. Il était bien sûr muni de son instrument, le daegeum donc, et aussi d’un sabot et d’un sac de sable. A quoi servaient ces deux objets ? Eh bien, à compter le nombre de répétitions. A chaque fois qu’il terminait un morceau à répéter, il mettait un grain de sable dans le sabot et ne redescendait de la montagne que cette chaussure de bois une fois remplie ! Il ne s’agit bien sûr pas d’y croire à la lettre. S’il est vrai que Jang préférait répéter dans un lieu isolé pour mieux se concentrer, le reste de l’histoire est probablement une invention pour faire l’éloge de son assiduité et de sa passion artistique. Ladite anecdote précise aussi que Jang répétait le plus souvent le « doderi », un type de musique assez monotone au niveau de la cadence. Décidément, il ne s’ennuyait point à la répétition.


Quant à Park Jong-ki, travailleur infatigable lui aussi, son lieu de prédilection pour répéter était également un coin au sein d’une montagne, auprès de la tombe de sa mère pour être précis. Ce fut effectivement un « hyoja », fils dévoué à ses parents, une incarnation de la piété filiale. Il se rendait tous les jours sur le lieu où reposait sa chère mère et jouait du daegeum, à la fois pour répéter et, pensait-il sans doute, pour mieux tenir compagnie à l’âme de la défunte.


A la différence de Jang Yak-dae qui, lui, était spécialisé en « jeongak », « musique juste » selon la traduction littérale, voire « musique de la noblesse », Park préférait le « minsokak », « musique folklorique », et excellait notamment en « sanjo », musique improvisée ou le « jazz coréen », si l’on veut. Sur le lieu où il se produisait en quelque sorte pour une seule spectatrice, par ailleurs invisible, il entendait parfois les chants d’oiseaux qui lui semblaient accompagner son jeu. Mais oui, pourquoi ne pas jouer de concert avec eux ? Park, fort en improvisation, jouait alors de façon à imiter les gazouillis. Son imitation était telle que selon une anecdote, les oiseaux semblaient le prendre pour l’un des leurs. Ils venaient voler au-dessus de sa tête, dont l’un s’est posé sur son épaule.


S’agit-il d’une histoire tout à fait crédible à la différence de la légende racontant la pratique adoptée par Jang Yak-dae à la répétition ? En tout cas, une série de sanjo pour daegeum, dite « style Park Jong-ki » est censée être inspirée essentiellement de la nature. 


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Cheongseonggok » avec Kim Jeong-seung au daegeum et Kim Taek-su au piano. 
  2. « Doderi » avec Cho Chang-hun au daegeum. 
  3. « Sanjo pour daegeum du style Park Jong-ki » par Kim Hui-gon. 

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