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Culture

La nature, éternelle source d’inspiration

#Aux sources de la musique coréenne l 2021-09-29

Aux sources de la musique coréenne

La nature, éternelle source d’inspiration

« Partout des fleurs, le printemps est bel et bien revenu / Hélas ! Celui de ma vie s’en est allée pour toujours ». Ainsi entonne l’interprète de « Quatre saisons », une chanson du genre « danga » précédant un concert de pansori. En effet, s’il arrive souvent de comparer une saison à une phase de la vie humaine, force est de constater que le déroulement de la vie est linéaire et a bien une fin, alors que la succession des saisons est circulaire, sans fin donc.


Les paroles suivantes sont comme une réaction, voire même une révolte à cette triste constatation. « Que le printemps s’en aille / Bienvenu l’été où la verdure triomphe. ». C’est comme vouloir dire : Adieu, ma jeunesse, belle mais frêle comme le printemps, une demi-saison, La force de l’âge y succèdera.


Le chanteur a pourtant beau chercher à être optimiste ; la saison des chaleurs, de l’énergie d’une certaine manière, comme l’âge où l’on est en pleine possession de ses moyens n’est pas non plus éternelle. Cri d’amertume de Baudelaire : « Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! » A une brise déjà froide, on frémit. Frémissement provenant d’une anticipation : « Bientôt nous plongerons dans les funestes ténèbres ». Mais là encore, l’interprète de « Quatre saisons » cherche à voir le côté positif : « Les couleurs des feuilles des érables sont encore plus vives après une première gelée ». Le texte de ce chant doit sa beauté à cet optimisme persistant. Et un groupe de jeunes musiciens, Sorakot gagaekdan, en a fait une adaptation de façon à faire valoir cette beauté au niveau de la mélodie.


Dans le passé, alors que les Coréens vivaient selon le rythme des saisons, voire en se soumettant à la loi de la nature, à chaque saison, ils associaient une activité de loisir emblématique. L’automne par exemple était la saison de la promenade en bateau. Imaginez un cours d’eau sillonnant au pied d’une montagne et le paysage automnal reflété à sa surface. C’est pour admirer ce beau spectacle qu’on payait un batelier. Certes, tout le monde ne pouvait s’offrir cette promenade assez coûteuse. N’empêche que tout le monde en rêve à chaque automne, saison des couleurs. En fait, il y a tout un livre à écrire sur l’âme romantique des Coréens.


Dans un chant, une mise en musique d’un tercet datant de l’époque du Joseon, voici deux lettrés amis qui se sont retrouvés sur un petit bateau une nuit d’automne pour faire une promenade fluviale. Ils ont bien choisi la date. En effet, le ciel est clément et la pleine lune est au rendez-vous. Une brise légère caresse la surface de l’eau. Dans ces circonstances, comment Muse manquera-t-elle au rendez-vous ?


Le texte du chant, un poème donc, est à attribuer à l’un de ces deux lettrés ou, pourquoi pas, aux deux. Liés d’amitié et aussi de passion commune pour les belles-lettres, ils ont pu partager leur inspiration devant le spectacle sous leurs yeux, pour qu’à tour de rôle, ils inventent un vers de ce tercet :


Au clair de la lune, un bateau avance sur une rivière automnale

Le ciel est dans l’eau et la pleine lune au-dessus

Batelier, repêche cette lune pour la regarder de plus près


S’agissant cette fois d’un chant dans lequel la lune est évoquée, non pas par une âme romantique, mais par une femme au foyer, le texte est l’un des plus vieux poèmes coréens, le plus ancien parmi ceux qui nous sont parvenus transcrits en « hangeul », l’alphabet coréen inventé au XVe siècle. C’était sans doute une chanson populaire. La musique originale est perdue. Et une musicienne contemporaine, Eun Hee-ji, a imaginé une mélodie pour que le texte soit chanté accompagné au geomungo.

 Les paroles sont extrêmement simples et émouvantes justement par cette simplicité. En fait, elles traduisent le cœur d’une femme qui ignore le faste. Voici, reconstituées à partir des paroles, les circonstances dans lesquelles elle se trouve. Son mari est parti faire du commerce assez loin de son village et ne revient pas, alors que la nuit est tombée. Sa femme, impatiente et inquiète, l’attend depuis un moment devant la porte de la maison. Elle s’inquiète pour son mari qui devra marcher dans le noir. Heureusement, la lune, apparaît dans le ciel. La femme la supplie alors : « Monte plus haut, encore plus / Pour que mon mari ne risque pas de mettre le pied dans une flaque d’eau... » Cette femme simple était trop préoccupée par la sécurité de son mari pour regarder la belle lune de l’œil d’une romantique.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Quatre saisons » chanté par Sorakot gagaekdan.
  2. « La lune » chanté par Yi Yun-jin.
  3. « Sous la lune » chanté par Gang Gwon-sun.

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