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Le bambou

Une légende raconte : « A la mort de Munmu, roi de Shulla, son fils Sinmun, héritier du trône, lui dédia un temple avec vue sur la mer de l’Est. Peu de temps après la consécration, émergea de l’eau un îlot sur lequel poussait un bambou mystérieux. Au lever du soleil, il se dédoublait pour redevenir un à la nuit tombante. Le nouveau roi, curieux, se rendit sur les lieux. Un dragon sortit alors de la mer pour lui donner des explications sur cette plante mystérieuse. C’était un cadeau du défunt roi à son cher peuple. Qu’on l’utilise pour fabriquer une flûte. Il suffira d’en jouer pour repousser une invasion, pour mettre fin à la sécheresse ou à une épidémie. Aussitôt dit, aussitôt fait. »


Cette flûte magique, appelée « manpasikjeok » qui veut dire « calmer dix mille vagues », c’est ce qu’il nous faut pour nous débarrasser du coronavirus. Hélas ! C’est un instrument de musique qui n’existe que dans la légende. Celle-ci aurait été inventée, selon certains, pour expliquer l’origine du daegeum, une grande flûte traversière en bambou. En effet, un morceau de musique joué à cet instrument à vent, si il n’a pas le pouvoir magique de « calmer dix mille vagues », peut nous faire oublier dix mille soucis. Ainsi, la légende de manpasikjeok ne semble pas être tout simplement un récit fabuleux. Ne mentionne-t-elle pas en réalité une flûte dont le son permet de trouver la paix intérieure, même en plein milieu d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle ?


Dans l’Antiquité et encore pour longtemps en Asie, multiples étaient les usages du bambou. Autant dire qu’il était nécessaire à différents métiers. Au charpentier pour les étais des maisons, au constructeur de bateau à voile pour les vergues, au fabricant de parapluies, au médecin pratiquant l’acupuncture qui conservait ses aiguilles dans un étui en bambou, à l’éducateur pour corriger un élève manquant de discipline, à l’homme de lettres à qui le bambou fournissait le pinceau et ce sur quoi il traçait des caractères avant l’invention du papier, les lamelles de bambou, et enfin au cuisiner, car ses jeunes pousses tendres constituaient l’ingrédient de différents plats.


En Corée comme en Chine, le bambou était aussi un matériau précieux pour les fabricants d’instruments de musique. Ils exploitaient ses tiges lignifiées et naturellement creuses pour fabriquer une variété d’instruments à vent : le daegeum, le sogeum, le danso, le piri pour ne citer que des flûtes d’origine coréenne. La sonorité propre à chacun de ces instruments dépendait essentiellement de la grosseur de la tige.


Alors que divers étaient aussi les objets du quotidien en bambou – des meubles, des paniers, des éventails, des cannes à pêche ou encore ce que les Occidentaux appellent « pipe à opium », en réalité utilisé généralement pour fumer du tabac -, une bambouseraie était et est toujours un lieu de repos charmant. Vous est-il arrivé de vous promener dans une forêt de bambous ? Une randonnée suivant un sentier entre des rangées de chaumes tout droits et tout hauts vous garantit un dépaysement absolu. En été, les tiges, aussi vertes que les feuilles, et étincelant de lumière, vous rafraîchissent. Et quand un vent se lève, les chaumes, balançant doucement, vous murmurent une musique.


Pour parler cette fois du symbolisme du bambou, avec l’orchidée, le chrysanthème et le prunier ou l’abricotier du Japon, il fait partie des « Quatre plantes nobles », quatre plantes chères au « junzi », homme de bien du confucianisme. Sa tige symbolise la droiture et la persévérance. Confucius dit : « L’homme de bien est droit et juste, mais non raide et inflexible. Il sait se plier, mais pas se courber. » Autrement dit, le « junzi » est un homme qui s’adapte aux circonstances sans pourtant abandonner ses convictions. C’est comme le bambou qui fléchit au vent pour ne pas se briser et qui retrouve sa droiture quand l’agitation de l’air cesse.


Quant aux gens du peuple, ils classent le bambou parmi les dix symboles de la longévité. C’est sans doute parce qu’il n’est pas sujet aux attaques, maladies et rongeurs. De temps en temps, les pucerons peuvent envahir le feuillage, sans nuire cependant aux tiges. Notons aussi que la taille d’un bambou géant peut atteindre jusqu’à 30 m. Quel âge a celui-là ? Impossible de le savoir, car le bambou n’a pas de cerne annuel. En fait, ce n’est pas un arbre, ni un arbuste, mais une herbe. La hauteur exorbitante d’un bambou qui semble percer le ciel, fait songer à une ascension incessante, à une pousse éternelle. Dans un chant intitulé « Eloge du bambou », cette plante se trouve ainsi au même rang que « le ciel et la terre qui ne vieillissent pas, que la lune qui ne cesse de réapparaître au firmament ».


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Sangryeonsan » avec Kim Jung-seung au daegeum.
  2. « La bambouseraie » chanté par Jang Nyeong-seo.
  3. « Eloge du bambou » chanté par Yi Dong-kyu.

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