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Jeju : son dialecte et ses chants

Destination Jeju, une île coréenne méridionale, idéale si vous êtes à la recherche de dépaysement. En fait, c’est la seule région subtropicale du pays. Une île lointaine ? Pas du tout. On y est en un peu plus d’une heure de vol au départ de Séoul. Et pourtant, ce court voyage suffit aux septentrionaux pour une immersion dans un environnement inconnu. Dès qu’ils sortent de l’aéroport, s’offrent à leurs yeux des rangés de palmiers sur les côtes de la route qui mène à la ville.


Jeju, « l’île de beauté », surnom dû à son beau paysage et à son climat doux ; Jeju, « l’île des dieux » du fait que nombreuses sont les divinités vénérées par ses habitants, des marins pêcheurs et leur famille qui, face au péril de la mer, sont plus ou moins superstitieux ; Jeju, « l’île des amoureux », car c’est traditionnellement une destination privilégiée pour les voyages de noces ; on peut l’appeler aussi « l’île noire ». En effet, plus d’un visiteur est impressionné par la couleur du sol de cette île volcanique, aussi dépaysant que le bleu éblouissant de la mer.


 Un touriste coréen à Jeju peut être dépaysé jusqu’à avoir l’impression de se trouver dans un pays étranger, quand il discute avec un vieil indigène. « Mais est-ce bien le coréen qu’il parle ? » se demandera-t-il. En fait, il a affaire au dialecte de Jeju qui, selon certains linguistes, devraient être proche du coréen parlé à l’époque de Joseon. On doit dire alors que notre touriste fait aussi un voyage dans le temps.

 Etant donné que la mélodie d’une chanson est souvent née de ses paroles, le cas de « La Vie en rose » par exemple, les chants folkloriques de Jeju doivent sans doute leur particularité à son dialecte. Même les mélodies répandues presque dans toute la Corée, sont chantées assez différemment à Jeju.


« Yaheung », que veut dire ce mot qui revient comme un refrain dans un chant folklorique de jeju ? Et « neoyoungnayeong » dans un autre ? Les Coréens originaires d’autres régions que Jeju ne peuvent que deviner leur signification en fonction du contexte. Ces mots régionaux, marqués par des voyelles nasales comme beaucoup d’autres du dialecte de cette île, signifient respectivement « bien sûr » et « toi et moi ».


 Quant à « seowu » dans le titre de la chanson, « Seowujesori », c’est le nom d’un dieu vénéré à Jeju. Mais quel être sacré plus précisément ? Même parmi les insulaires, rares sont ceux qui sont capables de répondre. Tant sont nombreuses ces divinités censées protéger la population de jeju et invoquées par des chamans pendant la cérémonie dit « gut ». En fait, dans le passé, ce rituel chamanique faisait partie de la vie quotidienne des insulaires ; beaucoup d’entre eux vivaient de la pêche, priaient ainsi telle ou telle divinité de les protéger à chaque fois qu’ils partaient affronter la mer dangereuse. Notons aussi que Jeju était et est toujours fréquemment exposé aux typhons.


 Pour nous intéresser à d’autres mots régionaux de cette île, le « geom » et le « chol » peuvent être compris par les péninsulaires comme une prononciation déformée, voire erronée, de « gim » et de « kol » qui signifient respectivement  « désherbage » et « foin ». Mais si l’on en croit les linguistes selon lesquels le dialecte de jeju est proche de l’ancien coréen, il ne s’agit pas du tout d’une déformation, mais, au contraire, de la conservation de la prononciation originelle. Faut-il en dire que la mauvaise monnaie chasse la bonne ? De toute façon, on n’a pas le droit de retoucher les titres des deux chants de travail de jeju comportant respectivement chacun des deux mots en question, « geom » et « chol », les mélodies chantées l’une pendant le désherbage et l’autre lors de la récolte de foin.


Qui dit « Jeju » dit « cheval ». L’élevage équin sur cette île aurait commencé au XIIe siècle, à l’initiative de l’armée mongole qui, ayant assujetti la péninsule coréenne, a installé une base militaire à Jeju en vue d’envahir le Japon. Alors que les Mongols sont partis, l’élevage du cheval a demeuré et demeure toujours une activité emblématique de Jeju. L’île était ainsi un lieu stratégique à l’époque où la cavalerie était une arme de combat précieuse.


 L’élevage équin a aussi donné lieu au développement d’une activité artisanale ayant fini par occuper une place importante dans l’économie régionale : la fabrication de « mangun », serre-tête en crin de cheval. Durant la période Joseon où les hommes adultes avaient coutume de porter un chignon, ce bandeau servant à retenir les cheveux était un accessoire indispensable. Et le « mangun » haut de gamme, c’est-à-dire en crin de cheval, était très recherché par les nobles ainsi que les bourgeois aisés. Ils étaient même prêts à le payer à prix d’or. Autrement dit, ils étaient bien conscients de l’énormité du temps qu’un artisan en la matière passait en croisant de façon appliquée des milliers de crins, parfois en fredonnant une chanson.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. Les chants folkloriques de Jeju chantés par Torys.
  2. « Chant de désherbage » par Ko Jung-ok.
  3. « Chant de récolte de foin » par Kim Ju-ok.
  4. « Chant de fabrication de mangun » par Park Jin-ah.

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