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Chants dérivés

Une imitation ? Une copie ? Un plagiat ? Appelons cela plutôt « produit dérivé ». Il ne s’agit bien sûr pas d’un produit financier, mais d’une catégorie de chants folkloriques tirant leur origine d’autres vieilles chansons.


Une de ces chansons dérivées porte comme titre « Daegamnori », « jeux de Daegam », qui fait référence à différentes animations pendant le déroulement d’un « gut », le rituel chamanique : chant, danse, musique instrumentale. Ces animations ont pour but d’amuser les divinités du chamanisme, appelées « daegam », les esprits invisibles mais omniprésents, et qui sont censées influencer le cours de notre vie. Autant on souhaite qu’elles soient bienveillantes, autant on cherche à leur faire plaisir. Et cela va sans dire que ce « gut », consistant à égayer les « daegam », amuse autant les spectateurs.


Parmi ces gens, assistant à une cérémonie qui n’était pour beaucoup qu’un pur divertissement, pouvait bien se trouver un « sorikun », le chanteur de gukak, qui, lui, est venu à la fois pour se divertir et à la recherche d’inspiration pour son rendez-vous avec le public. Il trouve le spectacle très divertissant, en particulier le chant, un rap avant l’heure, qui, visiblement, amuse bien les spectateurs. Pourquoi ne pas l’incorporer dans son répertoire ? Il va le faire, et ce en introduisant dans le chant, un nouveau personnage dont on souhaite aussi qu’il soit bienveillant : un haut dignitaire qui s’appelle également « daegam ». Selon le passage du texte qui le concerne, c’est le plus difficile à amadouer, car, référence à ce que les gens du peuple pensent, il est compliqué et marqué par la cupidité. Du coup, la chanson tirant son origine d’un chant rituel est quelque peu satirique et a ainsi la chance d’amuser les gens, davantage que sa version originelle.


Une autre chanson dérivée, « Heishimgok », « retour à l’essentiel », est, quant à elle, d’origine bouddhiste, à savoir qu’elle est dérivée du « beompae », le soutra chanté. Que c’est agréable d’écouter une récitation mélodieuse de ce genre ! Peu importe que les non-initiés au sanskrit n’y comprennent rien. Ils sont là pour trouver l’apaisement. Ce à quoi répond justement la musicalité de ce genre de récitation.


Il n’est cependant pas question pour le moine de laisser partir les fidèles comme s’ils quittaient la salle de spectacle à la fin d’un concert. Ainsi, après avoir récité un long texte en sanskrit, il en fait un résumé, toujours de façon mélodieuse, mais cette fois en langue vernaculaire, voire en coréen. Le résumé, de ce genre le plus connu et repris par des chanteurs de gukak ou « sorikun », est justement ce qu’on appelle « Hoeshimgok ».


Il est fort probable que ce texte, un peu trop long pour être un résumé, a fait un emprunt à une autre doctrine que le bouddhisme, car s’il insiste sur la vacuité et prône le détachement, en ces termes par exemple : « On vient au monde les mains vides ; on le quitte les mains vides ». Il insiste autant sur la reconnaissance à l’égard de nos parents auxquels nous devons notre vie, voire sur la piété filiale, une vertu confucéenne. « Par l’intermédiaire du bouddha, dit-il, notre père nous a donné les os ; notre mère la chaire. » Autrement dit, nous devons à nos parents notre substance matérielle, alors qu’au bouddha ayant joué le rôle d’intermédiaire dans la formation de cette substance, nous devons notre être. Le texte de « Hoeshimgok » est sans doute l’invention d’un moine de l’époque de Joseon, la dynastie ayant adopté le confucianisme comme l’idéologie étatique, alors que le bouddhisme, la religion protégée par la dynastie précédente, demeurait toujours la croyance la plus populaire du pays.


S’agissant cette fois d’une série de chansons dérivées d’un numéro de pansori, on en compte au total 8 dont 6 tirent leur origine du « Chant de Chunhyang ». En effet, ce récit chanté, racontant une histoire d’amour entre un jeune noble et une jeune fille de souche modeste, est le plus populaire parmi les 5 pièces de ce qu’on appelle « l’opéra coréen ».


Le « Petit chant de Chunhyang », ainsi s’appelle l’une des 6 chansons qui doivent leur texte et leur mélodie au numéro de pansori le plus chanté. « Petit », parce que comme les 5 autres, c’est un extrait de la version intégrale ; « petit » comme marque d’affection aussi. En fait, dans la scène dont il s’agit, la jeune fille Chunhyang est particulièrement adorable. « Sa main gauche en abat-jour, elle lève haut sa main droite pour pointer de son indexe, comme taillé en hade, une forêt de bambous. », disent les paroles. Le jeune homme à ses côtés, son futur fiancé, est d’autant plus charmé par ce geste qu’elle lui explique où elle habite, c’est-à-dire qu’elle lui donne rendez-vous à son domicile. Quand on songe que l’histoire du Chant de Chunhyang se déroule dans le royaume de Joseon, dans une société exigeant des femmes une certaine pudeur.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Jeu de Daegam » chanté par Ji Yein-hwa.
  2. « Heishimgok » chanté par Jeon Young-rang.
  3. « Petit chant de Chunhyang » chanté par An Jeong-ah.

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