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Le yanggeum

Dans le répertoire du gugak, le yanggeum, un instrument à cordes pincées, est rarement joué, et ce pour plusieurs raisons.


Il se distingue nettement des autres instruments cordophones coréens par la forme trapézoïdale de sa caisse de résonance et par ses cordes, au total de 56, qui sont en acier, à la différence des autres instruments à cordes qui en ont en soie. En fait, comme le mot « yang » dans son nom l’indique, c’est un instrument de musique venu d’Occident, via la Chine. L’histoire du yanggeum est en effet assez extraordinaire.


Cet instrument de musique est en réalité une invention arabe, une espèce de cithare appelée « dulcimer. » Il a probablement été introduit en Europe par le biais des croisades. Selon certains, ce serait l’ancêtre du clavecin, donc du piano. Quant à son introduction en Chine au XVIe siècle, elle est due à un prêtre jésuite italien, Matteo Ricci, missionnaire à Pékin. Les diplomates coréens de Joseon, qui se rendaient dans la capitale chinoise, appréciaient le son de cet instrument au point de le ramener dans leur pays.


Le son du yanggeum était séduisant pour plus d’un musicien de Joseon. Ils se sont cependant rendu compte qu’avec cet instrument, il était impossible de jouer une mélodie de gugak. L’instrument de musique exotique a ainsi demeuré sans pouvoir être intégré dans la musique coréenne, et ce jusqu’à ce qu’un certain Hong Dae-yong invente une technique de jeu adaptée à la gamme de gugak.


Hong était l’un de ces intellectuels de Joseon du XVIIIe siècle qui s’intéressaient aux études pratiques autant qu’ils vénéraient l’enseignement de Confucius. Il a multiplié les voyages à Pékin, vitrine de la puissance et de la prospérité de la dynastie Qing, pour découvrir des nouveautés techniques. Homme curieux de tout, il a ramené un yanggeum. Féru de musique, il s’est rendu compte lui aussi que cet instrument n’était pas fait pour jouer la musique de son pays. Homme patient et éclairé sur l’acoustique, il a toutefois multiplié les essais pour trouver une technique de jeu approprié et y est parvenu. Grâce à un témoignage de son ami, Park Ji-won, partisan du même mouvement intellectuel que lui, le Silhak, « science réelle » ou « science pratique », on connaît la date précise de la première démonstration de cette technique de jeu, ainsi que le lieu où elle s’est déroulée.


« On ignore depuis quand le yanggeum est connu dans notre royaume », écrit Park dans ses mémoires. « Hong Dae-yong est toutefois le premier à avoir interprété une mélodie de Joseon avec cet instrument. Cela remonte au 18 juin 1772. A six heures du soir, je me suis retrouvé avec lui dans son cabinet de travail et ai pu assister à son jeu, un jeu qui m’a convaincu de sa maîtrise de l’acoustique. Je note en détail cet événement, car c’était une première. »


Le yanggeum demeurait toutefois toujours peu populaire parmi les musiciens du gugak. Une des raisons de cette impopularité était sans doute la difficulté d’accorder les 56 cordes. En fait, aucun autre instrument cordophone coréen ne compote un si grand nombre de cordes. Une autre raison pour laquelle le yanggeum était peu joué, c’est qu’il ne permettait pas le vibrato, une modulation très appréciée par les instrumentalistes du gugak et aussi par les chanteurs de pansori.


En ce XXIe siècle, qu’en est le yanggeum qui était relativement peu aimé ? Beaucoup de jeunes musiciens du gugak adorent désormais cet instrument à sonorité claire et riche en couleurs. Héritiers de Hong Dae-yong en quelque sorte, ils explorent aussi de nouvelles techniques de jeu et les adoptent pour leur création inspirée de la tradition musicale de leur pays.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Hahyeon doderi » avec Gang Yu-kyeong au geomungo et Cho Il-ha au yanggeum.
  2. « Votre trace » interprété par Murr.
  3. « Arcade » interprété par Dongyang Gojupa.

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