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Faut-il le croire ?

Une bande de bandits qui se dérobe à la police, un vieux couple, victime d’une hyperphagie boulimique et souffrant d’une douleur à se rouler par terre ou encore un écureuil, qui, surprit dans la cour d’une maison, se cache sous une jarre... Selon un témoignage recueilli dans le livre « Histoires extraordinaires », signé Jo Su-sam, un écrivain du XIXe siècle, un vieux musicien ambulant était capable de représenter ce genre de scène avec son haegeum, un instrument à cordes, le « violon coréen ». Mais faut-il le croire ?


De toute façon, il existait bien en Corée des musiciens comparables aux troubadours, à cette différence près qu’ils étaient conteurs plutôt que poètes ; la musique instrumentale qu’ils jouaient servant en quelque sorte à illustrer leur récit. A quoi ressemblait donc cette sorte de musique narrative ? Fort heureusement, il existe un enregistrement qui a été réalisé par un folkloriste, alors qu’il assistait à ce genre de spectacle en voie de disparition.


« J’ai rencontré ce musicien à la barbe et aux cheveux blancs quand j’avais 5 ou 6 ans », précise l’auteur des « Histoires extraordinaires ». Et il se souvient de l’avoir revu. Quand et à quelle occasion ? Eh bien, le jour où il fêtait son 60e anniversaire, un grand événement dans la vie des Coréens d’autrefois et encore aujourd’hui. Pour animer les festivités, sa famille a invité des musiciens parmi lesquels figurait justement le vieux joueur du haegeum qui avait impressionné Jo Su-sam, quand il était enfant, il y a 50 ans. Jo précise : « Je le voyais tel qu’il était lors de notre première rencontre. » Un fait digne du titre de son livre. Faut-il le croire ?


Un autre témoignage recueilli dans « Histoires extraordinaires » porte également sur un génie artistique. Il s’agit cette fois d’un mendiant non-voyant qui faisait l’aumône en chantant dans la rue. Sa chanson était admirable, au point qu’il était constamment encerclé par la foule. De nos jours, il aurait pu se faire remarquer par un professionnel du spectacle.


Voici une des habitudes de ce musicien de rue : pendant sa pause, il comptait les pièces de monnaie récoltées dans son chapeau. Et quand il voyait qu’il avait amassé plus de 100 sous, il quittait les lieux sur ces mots : « C’est assez pour boire jusqu’à l’ivresse. » Il aurait sans doute rejeté la proposition d’un impresario de se produire dans une salle de spectacle même si la gloire et la richesse l’attendaient.


Quel genre de chanson interprétait-il ? Un chant folklorique ? Un morceau de pansori ? Ni l’un ni l’autre ; il chantait... une mélodie du genre « gagok », chant lyrique particulièrement apprécié des aristocrates. Imaginez un mendiant chantant un lied de Schubert. Même les passants pressés s’arrêteraient devant ce spectacle et prêteraient une oreille attentive.


Encore un personnage peu commun qui figure dans « Histoires extraordinaires » : il s’agit d’un adolescent orphelin qui vit de mendicité et qui parcourt le pays à la recherche de son petit frère mystérieusement disparu. On le plaignait d’autant plus qu’il était boiteux et atteint de cécité. Et pourtant comme il était gai ! Son extrême gaité malgré son infortune a impressionné Jo Su-sam qui l’a rencontré pendant son voyage et a fait un bout de chemin avec lui.


Le garçon lui disait : « Vous savez, j’aimerais bien être un oiseau et survoler la terre. Comme ça, je pourrais trouver plus facilement mon frère. » Puis, il s’est mis à chanter une chanson :


Les rossignols, comme ils chantent bien

En attrapez une femelle pour vous donner une concubine

Les hirondelles, comme elles sont bavardes

Leur place est parmi les servantes

Les moineaux, on les voit partout

Habillez-les en uniforme pour fournir des soldats au roi

Les cigognes, oiseaux échassiers au long cou

Engagées dans la police, elles surveilleront tout


Ce texte amusant a pu faire le tour de la Corée, d’autant que son inventeur a parcouru le pays à la recherche de son petit frère. Il est peut-être à l’origine d’un chant folklorique, « Saetaryeong », dont les paroles associent les caractéristiques d’un oiseau à une profession...


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Chant du haegeum » par Park Byeong-ki.
  2. « Sans chauffer... » interprété par Yi Dong-kyu.
  3. « Saetaryeong » interprété par AUX.

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