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Dano

Le 5e jour du 5e mois lunaire, c’est Dano ou Dano-je, une fête millénaire célébrée en Corée, ainsi qu’en Chine. Elle est connue des Occidentaux sous l’appellation « fête des bateaux-dragons ». En Chine, on pratique effectivement ce jour des courses de bateaux. Vite, vite ! Les navires, dont la proue est sculptée d’une tête de dragon, sont censés être dépêchés afin de secourir un certain Qu Yuan, un poète de l’Antiquité, qui, désespéré devant la chute de son royaume, s’est jeté à l’eau. Une autre pratique symbolique à l’occasion de Dano, toujours en Chine, fait également référence à ce suicide par noyade : on jette à l’eau des « zongzi », un mets à base de riz gluant enveloppé dans une feuille de bambou, pour nourrir les poissons, afin qu’ils ne mangent pas ainsi le corps du pauvre poète.


Quant à la célébration de Dano en Corée, il s’agit essentiellement d’une fête agricole. Les riziculteurs viennent de terminer le repiquage. En profitant d’une pause, ils se livrent à de multiples activités ludiques, en prétendant parfois faire plaisir à leurs protecteurs divins. Toutes les divinités sont bonnes pour eux, pourvu qu’elles assurent la bonne récolte. Ainsi, par exemple, la fête de Dano de la région de Gangneung à l’est de la péninsule, qui est inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, relève à la fois du confucianisme et du chamanisme. Imaginez les paysans, après avoir assisté à une liturgie chamanique nocturne, de retour chez eux, une torche à la main et en entonnant une chanson.


Dano est aussi connu des Occidentaux en termes de « fête du double cinq », puisqu’elle se déroule le 5e jour du 5e mois lunaire. Il ne s’agit cependant pas de penser que le caractère « o » dans le mot désignant cette fête signifie le « cinq » en numérotation sino-coréenne. Non, il s’agit d’un tout autre caractère qui désigne le septième animal dans le zodiaque chinois : le cheval. Notons aussi que selon l’horloge du zodiaque chinois, le laps de temps de 11 heures à 13 heures, comportant donc midi, est l’heure du cheval.


Qui dit « midi » dit « soleil ». Et qui dit « soleil » dit « chaleur ». Dano, qui tombe fin mai ou début juin dans le calendrier grégorien, est effectivement une fête marquant le début des chaleurs estivales. Ce n’est toutefois pas la seule signification qui est impliquée dans le mot « dano ». En fait, qui dit « chaleur » dit « énergie » ou « yang » dans la philosophie chinoise, auquel est associé justement les mots suivants : soleil, jour, lumière, actif, masculin... Notons qu’un autre caractère constituant le mot « dano », le « dan », signifie « extrême ». En effet, le 5e jour du 5e mois lunaire est considéré en Corée et en Chine comme la date à laquelle le « yang » ou l’énergie environnementale est à son paroxysme. Ainsi, ce n’est pas par hasard que dans un numéro de pansori, le « Chant de Chunhyang », les deux jeunes héros se rencontrent le jour de Dano, dans un parc où ils sont sortis sans pouvoir résister à la force invisible, le « yang », qui s’emparait d’eux. C’est sans doute aussi cette puissante énergie environnementale qui a rendu la jeune fille Chunhyang si audacieuse au point d’indiquer au jeune inconnu son domicile.


Dano est appelé aussi en Corée « surit-nal », « fête du char ». Ce nom fait sans doute allusion au fameux « char solaire », une allégorie cosmologique symbolisant la course du soleil dans le ciel. Voilà le véhicule tiré par un attelage de chevaux et transportant le dieu-soleil vers le zénith. Quelle image de vigueur et de puissance ! Alors que la course de bateaux-dragons en Chine à Dano fait en quelque sorte référence à cette image, deux jeux emblématiques en Corée à la même occasion semblent également être associés au culte de la puissance.


Il s’agit comme jeu masculin du « sireum », la lutte coréenne, l’équivalent du sumo au Japon, et comme jeu féminin de la balançoire. Imaginez une jeune femme, les deux pieds sur la planche, s’envoler vers le ciel. « Pousse-moi, Hyangdan, vers le haut, vers cet immense bleu », dit d’une voix joyeuse l’héroïne du « Chant de Chunhyang » à sa servante. Est-elle consciente de la présence d’un jeune noble à proximité ? Cherche-t-elle à le séduire par sa belle envolée vers le ciel ? Si oui, elle aurait lancé un défi, non seulement à cet immense bleu, mais aussi et surtout à la hiérarchie sociale de son époque qui ne lui faisait que rêver d’un beau mariage. Le jour de Dano, elle aurait fait preuve d’audace, de puissance spirituelle.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Youngsanhong » chanté par Anaya.
  2. « Le petit chant de Chunhyang » chanté par Che Su-hyun.
  3. « La Balançoire » chanté par Gan Gwon-sun.

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