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Gukak au quotidien

L’institut national de gukak a comme mission de conserver la tradition musicale du pays du Matin clair, mais aussi de promouvoir les mélodies traditionnelles auprès du grand public. Ainsi, dans le cadre de son projet « Gukak au quotidien », il encourage les musiciens au travail d’adaptation des sonates et des cantates d’une autre époque avec pour but de séduire le jeune public.


Comment remettre une vieille mélodie au goût du jour ? Quand il s’agit d’un chant, on peut éventuellement remanier ses paroles de façon à remplacer des mots tombés en désuétude par leur équivalent d’usage courant. C’est effectivement le cas de « Dalgeori », la version moderne d’une vieille chanson d’amour du même titre. Son texte originel comporte un assez grand nombre de mots qui ne sont aujourd’hui quasiment plus employé. « Nanggun » par exemple qui veut dire « mari » ou « bien-aimé », un mot cher aux amoureux d’autrefois, mais devenu totalement insolite pour les jeunes Coréens du XXIe siècle.


L’auteur de cette adaptation, Yi Han-cheol, a aussi jugé bon de « moderniser » les paroles au niveau de la métaphore. Selon lui, une vieille expression métaphorique évoquée dans le texte originel, « l’union du Ciel et de la Terre », ne devrait plus être entendue, notamment par les jeunes, comme faisant allusion à une œuvre de chair. Il a ainsi réécrit le passage en question : « Ta peau comme une couverture douce et chaleureuse ». C’est plus sensuel. Notons aussi que ce n’est plus Ouranos qui couvre Gaïa. La position est inversée. Signe de modernité ?


Quant à Yi Ji-su, un autre musicien ayant concouru au projet ambitieux « Gukak au quotidien », il se serait interrogé devant un chant qu’il a choisi d’adapter au goût du jour. Combien de jeunes Coréens connaissent le grand poète chinois des Tang, Li Bai ? De nom peut-être. Mais auraient-ils lu un de ses admirables poèmes pour comprendre son grand amour pour la lune ? Une passion qui lui a coûté la vie selon une légende : le poète se serait noyé en plongeant d’un bateau pour repêcher le reflet de la Lune.


Il est également peu probable que le toponyme « Mont Suyang » soit associé à la loyauté dans la pensée des milléniaux, que ces derniers se souviennent des noms des deux sujets de la dynastie Shang, Boyi et Shuqi qui, à la chute de leur royaume, se sont isolés dans cette montagne-là et sont finalement morts de faim.


Yi a ainsi été amené à renoncer au remaniement du texte du « Chant du Mont Suyang » ou Suyangsanga faisant référence à ce genre d’anecdote. Il a finalement choisi d’adapter cette cantate en musique instrumentale, un concerto pour yanggeum. Notons que cet instrument cordophone, d’origine arabe et introduit en Corée via la Chine, est particulièrement aimé des jeunes pour sa sonorité riche en couleurs...


« La Métamorphose » est une autre pièce de musique réalisée dans le cadre du projet « Gukak au quotidien »Or, il ne s’agit plus d’une œuvre d’adaptation, mais d’une invention. Sa mélodie n’est d’ailleurs pas tout à fait basée sur la gamme traditionnelle, à savoir pentatonique. Elle s’inscrit toutefois dans l’effort de promouvoir le gukak auprès du grand public, car elle a été composée pour être interprétée par un chanteur de pansori.


Cette tentative pourrait être appelée « crossover », un croisement entre un style de musique et un autre. Les exemples ne manquent pas en Corée. La plus célèbre illustration est sans doute « La Nostalgie », la mise en musique d’un poème de Jeong Ji-yong, interprété en duo par le tenor Park In-su et le chanteur populaire Yi Dong-won. La chanson a remporté un immense succès auprès du grand public, alors que le milieu des chanteurs d’opéra a taxé Park d’être peu orthodoxe. Il est arrivé aux chanteurs populaires, et c’est encore le cas, d’interpréter un air d’opéra ou un chant lyrique.


Il se peut que cette hybridation musicale soit un moyen particulièrement efficace pour populariser le gukak. Imaginez un chanteur de k-pop interpréter, à sa manière, une vieille chanson folklorique ou un chanteur de pansori appliquer son art vocal à l’interprétation d’une chanson moderne. Ainsi quel que soit son âge, chacun pourra être heureux de cette rencontre du passé avec le présent.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Dalgeori » chanté par Yi Han-cheol.

2. « Chant du Mont Suyang » par Yi Ji-su.

3. « La Métamorphose » chanté par Chae Su-hyun.

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