Aller au menu Aller à la page
Go Top
Le printemps

Chacun a sa manière de profiter du retour de la saison du renouveau. Un certain Meng Sa-seong, homme de lettre de Joseon, chante dans son poème « Quatre saisons dans l’ermitage » :


Voilà le printemps qui baigne jusqu’à la demeure d’un ermite

Une joie folle s’empare de lui


D’où vient cette joie ? De l’impression que l’être resté accroupi durant l’hiver s’étire et commence à s’étendre à l’arrivée de la saison douce et lumineuse. « Tout ce qui réduit ma force me rend triste », dit Nietzsche. Et la joie est bien le sentiment opposé à la tristesse.


C’est bien sûr en plein air qu’il faut jouir du printemps, et ce même pour un ermite qui n’est pas forcément casanier. Où aller ? Et que faire ?


Aller au bord d’un ruisseau s’enivrer

Du vin rustique et de la fraîcheur des poissons pêchés


Il a envie de voir le dégel d’un cours d’eau, sa réanimation en quelque sorte, et de l’entendre gazouiller ou chanter de joie. Il va s’enivrer du printemps, du vin et de la poésie.


Au moment où il écrivait ce poème, Meng Sa-seong, un ancien haut dignitaire, était en exil. Au lieu de se plaindre de son sort, il appréciait, semble-t-il, sa retraite, voire sa vie tranquille. Ainsi, il termine son poème par ces mots :


Grand merci à Sa Majesté

Je lui dois mon oisiveté


« Chanter debout et chanter la montagne ». Ainsi peut-on traduire le titre d’un chant folklorique, « Seontaryeong santaryeong », qui exprime également la joie devant le retour du printemps. En effet, on n’interprète pas un chant joyeux comme celui-là assis. Ou l’ayant entamé en position assise, on finit par se lever comme poussé par une force irrésistible, celle qui provient de l’explosion de joie, joie de chanter le printemps ou la montagne qui commence à se recouvrir de fleurs symboles de cette saison, les azalées par exemple.


Une adaptation moderne de « Seontaryeong santaryeong » laisse imaginer un groupe de jeunes femmes à la campagne qui vont piqueniquer dans une montagne où sont écloses ici et là des azalées. Comme elles sont gaies et joyeuses ! Elles sont « gonflées de brise printanière » comme on dit, à savoir qu’elles ont un cœur excité par la caresse du vent doux et léger.


Quant à une autre chanson contemporaine du genre gukak, A la recherche du printemps, ses paroles sont tirées d’un poème chinois de l’époque des Song.

« Une journée épuisée en vain à la recherche du printemps », dit le poète. Cela revient à dire qu’il a hâte d’être à la belle saison. Il a sans doute été partout à la recherche des signes du printemps. « Avec ma canne, dit-il, j’ai fouillé jusque dans les nuages, mais en vain ». Une hyperbole, une figure de style assez fréquente dans la poésie chinoise.


Le poète s’est-il alors trompé de saison ? Eh bien, non. De retour chez lui, voici ce qu’il constate dans son jardin : « Le printemps est pleinement présent au bout des branches de mon abricotier du Japon ». Il parle donc du bourgeon, signe annonciateur de la saison du renouveau.


Le printemps est une saison furtive. On y est sans savoir trop quand il a commencé. Et il s’en va aussi discrètement qu’il arrive. C’est aussi une saison ambiguë. Fin mars ou même début avril, alors que selon le calendrier, nous sommes bien au printemps, il arrive parfois qu’un vent froid se lève pour nous rappeler l’hiver. C’est ce que les Coréens appellent « kotsem chuwi », le « jaloux des fleurs ».


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Quatre saisons dans l’ermitage » chanté par Ku Min-ji.

2. « Let’s play » interprété par Yegyul Band.

3. « A la recherche du printemps » par Souljigi.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >