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Le saseol sijo

Le « sijo », une forme poétique qui s’est développée à l’époque de la dynastie Joseon, est aussi un chant. Dans ce tercet, chacun des deux premiers vers est composé de quatre groupes de trois ou quatre syllabes, alors que le dernier se soustrait à cette contrainte métrique. La répartition des syllabes produit une cadence, ce qui fait qu’un « sijo » est récité comme on le chante.


Etant donné qu’il s’agit d’un poème obéissant à une versification assez stricte, d’un texte concis par ailleurs d’autant que le nombre de syllabes est limité à une quarantaine, seuls des hommes et des femmes assez cultivés, voire appartenant à la noblesse, avaient le monopole de la création du « sijo ». Si les gens du peuple se fichaient de cette monopolisation, ils étaient toutefois assez sensibles à la cadence harmonique de ce genre de poème. Ils ont ainsi réalisé une sorte de parodie musicale de façon à garder cette cadence et à remplacer le texte poétique par leur propre invention, un texte prosaïque quant à lui, parfois satirique, comme s’ils prenaient leur revanche sur la classe sociale qui leur semblait être fière d’une culture destinée exclusivement à elle. Les amateurs de « sijo » l’ont appelé « saseol sijo », « sijo prolixe ». En fait, les nobles qui admiraient la concision auraient pris cette invention populaire pour un bavardage.


« Ecoute-moi, chasseur ». Ainsi débute un « saseol sijo », avant de poursuivre : 


Tu es libre de viser des animaux à poils ou à plumes

Mais épargne une oie sauvage ayant perdu son compagnon


Le texte ne peut attendrir que le cœur de ceux qui connaissent la symbolique de l’oie : la fidélité conjugale. Il s’agit toutefois de vers assez vulgaires. Au même sujet, les nobles de Joseon auraient préféré un « hansi », le poème en écriture chinoise, comme celui-ci de l’époque des Tang :


Oies sauvages

Longue est la route du Nord au Midi

Des milliers d’arcs sont tendus sur leur trajet

A travers la fumée et la brume

Combien d’entre elles atteindront Henyang


Les aristocrates appréciaient un poème au niveau sémantique. Quant aux gens du peuple, ils aimaient les mots sonnant bien à l’oreille. En effet, la plupart des « saseol sijo » n’ont une valeur esthétique qu’au niveau de la sonorité, voire de la musicalité. En voici un :


Tant pis si tu me quittes

Tu ne pourras faire dix lieues

Sans que tu ne sois blessé aux pieds

Tu ne pourras faire vingt lieues

Sans qu’un bandit ne te dépouille

Tu ne pourras faire trente lieues

Sans que tu ne regrettes de m’avoir quitté


Et les Coréens du XXIe siècle ? Préférèrent-ils le « saseol sijo » ou le « sijo » tout court ? Cela reviendrait à se demander s’ils préfèrent le chant lyrique ou la k-pop.


En fait, quel Coréen d’aujourd’hui prêterait l’oreille à un « sijo » mis en musique ? Beaucoup risquent de s’ennuyer à écouter un chant extrêmement lent comme s’il invitait à savourer chaque mot du texte, à déchiffrer son sens implicite. Notons qu’aucun « sijo » n’a fait l’objet d’adaptation par des musiciens contemporains, alors que certains « saseol sijo » ont inspiré une œuvre musicale moderne. 


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Ecoute-moi chasseur... » chanté par Yi Jun-ah.

2. « Saseol nanbongga » chanté par Kim Young-im.

3. « Saseol nanbong » chanté par Yi Hee-mun.

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