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Cinéma & dramas

Hwang Jung-min vs Hwang Jung-min

2021-09-15

Séoul au jour le jour

ⓒSEM Company

Avec le film « Hostage », la super star sud-coréenne Hwang Jung-min marque son leadership sur l'ensemble des acteurs du pays. L’acteur s'était fait plus rare depuis ses gros succès dans « Ode to My Father » en 2014 ou « Veteran » l’année suivante. Après le navrant « The Spy Gone North » en 2018, il avait trouvé son style dans le film noir, notamment, l'excellent « Asura : The City of Madness » et maintenant « Hostage » dans lequel il joue son propre rôle.


* Une question de gueule

Disons le clairement : il y a plusieurs sortes d'acteurs parmi les stars sud-coréennes.  Pourtant, comme dans le cinéma français, ce ne sont pas les « belles gueules » qui l'emportent toujours. Et Hwang Jung-min en est la preuve. Donc, d'un côté nous avons les « belles gueules » à l'ancienne qui courent sur presque deux générations, citons Ahn Song-gi, Han Suk-kyu, Lee Jung-jae, Jung Woo-sung, Jang Dong-gun, Ha Jong-woo etc. De l'autre côté, nous avons les « belles gueules » branchées sur la mode k-pop-hallyu, citons Song Joong-ki, So Ji-sub, Kim Woo-bin, Yoo Ah-in, Kang Ha-neul, etc. Mais nous avons un troisième côté et pas des moindres comprenant les « sales gueules » du cinéma. Si en France, nous avons Depardieu, Reno, Auteuil, Boon, en Corée du Sud, il faut comper sur les stars Choi Min-sik, Song Kang-ho et, bien sûr, Hwang Jung-min. Sans être des jeunes premiers ni même des vieux premiers – l'âge n'y est pour rien, c'est une question esthétique – ces derniers composent avec quelques autres le panthéon de l'actorat local. Comme quoi le charisme, la performance de jeu, l'emportent encore sur les belles gueules au cinéma.


* La musique et You are my Sunshine

Hwang Jung-min a commencé dans les comédies musicales du quartier de Daehangno à Séoul. C'est dans ces petits salles qu'il s'est fait connaître dans des rôles pour « Jesus Christ Superstar » ou encore « Cats ». L’acteur avec ses joues vérolées et ses yeux d'introverti pervers y a fait merveille. Cela dit, il ne peut prétendre à la photogénie des jeunes premiers du cinéma. La réalisatrice Yim Soon-rye va lui donner une chance dans « Waikiki Brothers » en 2001. Hwang va s'orienter vers les films d'auteur : « Road Movie » de Kim In-sik où il fait partie d'un triangle amoureux et bi-sexuel. Et « A Good Lawyer’s Wife » de Im Sang-soo. Mais c'est le mélo « You are my Sunshine » premier film sud-coréen à aborder un peu le Sida signé de Park Jin-pyo en 2005 qui le consacre star.


La carrière de Hwang décolle avec trois films par an. :« Bloody Tie », « Black House », « A Man who was Superman » ou encore « Blade of Blood ». Ces films préfabriqués poussent Hwang à rester au théâtre pour « Nine » en 2008 et « Man of La Mancha » en 2012.


*Ode to My father et le Noir à la sud-coréenne

Après un passage à la télévision pour KBS 2 et la série « The accident Couple », Hwang accède à la reconnaissance internationale pour la super-production historique « Ode To My Father » puis avec le thriller d'action « Veteran », deux blockbusters. Il se libère dans son jeu maniéré et rempli de clin d’œil au public. Les succès s'enchaînent avec « The Himalayas », « A Violent Prosecutor » et « The Wailling » qui ira au Festival de Cannes 2016. Pourtant, les meilleures performances de Hwang se situent au sein des films noirs. Il était déjà au casting de « A Bittersweet Life » de Kim Jee-woon, le film qui a remis à l'honneur le genre du Noir en Corée du Sud.


Avec « The Unjust » en 2010, Hwang sent qu'il a un goût naturel pour le genre thriller sombre. Il y revient un peu en 2012 avec le film de gangsters bancal « New World », mais encadré par deux stars (Choi Min-sik et Ha Jung-woo), il reste un peu dans l'ombre. Mais Hwang est partageur dans le noir : en tant que gangster à la grande gueule, il ne se retrouve pas en tête d'affiche. Citons par exemple Jung Woo-sung dans « Asura » et Lee Jung-jae dans « Deliver us from Evil ».


Avec « Hostage », il prend mieux que la tête d'affiche car il interprète son propre personnage dans la vie. C'est une gageure comme il le dira lui-même dans des interviews. Le héros du film chinois d'origine, Andy Lau avait préféré joué un acteur mais pas lui-même. Ce faisant, Hwang a touché du doigt la difficulté d'être soi-même devant une caméra, mais aussi de la difficulté d'échapper aux clichés dont on enferme les acteurs. D'ailleurs, c'est grâce à ces clichés qu'il parvient à échapper à ses ravisseurs dans le film, comme pour dire que le cinéma finit par formater la vie, par l'influencer. On pourrait aussi dire que le devant et le derrière du rideau ont tendance à ne faire plus qu'un sur les écrans. Affaire à suivre.

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