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Cinéma & dramas

Yoon Yeo-jung : doyenne du cinéma sud-coréen

2021-02-10

Séoul au jour le jour

ⓒHOOK ENTERTAINMENT

L'actrice Yoon Yeo-jung est de retour avec le film « Minari » aux côtés de la star américaine Steven Yeun, connu notamment pour le film « Mayhem ». Que d'aventures pour la doyenne des actrices sud-coréennes dont le premier succès remonte à « Woman of Fire » de Kim Ki-young en 1971. Nous allons tenter de retracer ses 55 ans de carrière devant les caméras de réalisateurs ou de films souvent remarquables.


* Femme fatale

Qui le croirait ? Yoon Yeo-jung, née à Gaesong, ville située aujourd'hui en Corée du Nord, a commencé sa carrière comme femme fatale du cinéma sud-coréen de l'époque des dictatures. Le très humide giallo made in Korea « Woman of Fire » de l'inénarable Kim Ki-young (l'auteur du célèbre « The Housemaid » en 1960) fut un succès pour elle, alors qu'elle n'avait que 23 ans. Elle obtient un prix au Festival fantastique de Sitges en Espagne. L'actrice va enchaîner rapidement sur un sitcom, toujours dans le rôle de femme scandaleuse, même si c'est en costumes d'époque. Elle rejoint Kim Ki-young pour « The Insect Woman » en 1972, un soft-porn à la limite du psychédélique et sûrement filmé sous acides. C'est la grande époque de séries B chastement nommés « films d'hôtesses ». Elle rempilera une dernière fois avec la vision des femmes du réalisateur Kim pour « Be a Wicked Woman » en 1990. Entre-temps, Yoon est devenue l'égérie de la nouvelle génération de femmes des années 1970, portant mini-jupes et cheveux aux vents. On la retrouve dans la sitcom à succès « Stepmother » en 1972, par exemple.


*Mariage

En pleine gloire, l'actrice se marie avec le chanteur Jo Young-nam en 1975. Ils quittent la Corée du Sud pour les USA. Yoon disparaît des écrans. Mais les choses tournent mal, elle divorce. Alors qu'on la croyait perdue pour le cinéma, elle revient au bercail en 1985. Elle tente, toutefois, d'éviter les traditionnels rôles d'ajumma abonnées aux sacrifices pour la famille et le mari. Ce n'est pas simple, car en rempilant dans les sitcoms, elle ne trouve que ce genre de rôles jusqu'à la fin des années 1990. En véritable stakhanoviste, elle tourne pas moins de trois dramas par an. Elle a du succès, mais on est loin de ses débuts avant-gardistes, et le risque de devenir un cliché de télé ne doit pas satisfaire l'aventureuse actrice.


* Le retour au cinéma

Finalement, en 2003, Yoon Yeo-jung fait son grand retour dans le très provocateur « A Good Lawyer’s Wife » d’Im Sang-soo. Cette fois, elle a un vrai rôle qui dépasse les clichés. Et justement, tout le talent d'Im est de renverser les clichés. Yoon fait merveille en jouant les belle-mères joyeuses, négligeante de sa famille et accumulant les amants. Elle rempile avec Im Sang-soo dans « The President's last bang » en 2005 qui raconte l'assassinat du dictateur Park. Le film est pris à partie par les lobbies conservateurs. Mais cela n'empêche pas Im et Yoon de tourner « The Old Garden » en 2007, basé sur le roman de Hwang Sok-yong. Le film évoque le massacre de Gwangju. Il fait le tour des festivals même si la peur de la censure a largement modéré les propos de l'écrivain. Malgré son retour au cinéma, et probablement pour assurer ses arrières, Yoon continue à cachetonner dans les dramas.


* L'égérie des auteurs

Entre deux TV-shows, Yoon rejoint la grande classe des auteurs du cinéma sud-coréen. E-J Young la fait tourner dans son faux documentaire « Actresses », puis, Hong Sang-soo lui donne un rôle dans « Hahaha » en 2010. Mais c'est « The Housemaid », de nouveau avec Im Sang-soo qui mènera l'actrice dans tous les festivals internationaux. Elle fait merveille en gouvernante revêche d'une famille de nouveaux bourgeois. Ironiquement, le film est un remake inversé de celui de son mentor des débuts : Kim Ki-young. Yoon rempile avec Im pour « Taste of Money », la « suite » de « The Housemaid », puis avec Hong Sang-soo dans « In Another Country » en 2012. Yoon devient l'une des actrices sud-coréennes les plus connues à l'étranger.


Alors, qu'enfin, Yoon espace ses tournages à la télé, Im et Hong la reprendront pour « Hill of Freedom », « Intimate Enemies » et « Right Now Wrong Then ». E-J Young aussi lui donnera un rôle principal en or dans « The Bacchus Lady » en 2016. Yoon y incarne une de ces femmes âgées qui, à la limite de la misère, se prostituent au cœur de Séoul. Forte de son succès international et de son aura auprès des auteurs, pas de surprise de la retrouver dans le film américain « Minari » qui raconte la vie d'une famille coréano-américaine.

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