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Cinéma & dramas

Hansan : le retour de l'amiral

2022-09-21

Séoul au jour le jour


L'amiral Yi Sun-sin est de retour, cette fois sous les traits de l'acteur Park Hae-il. En effet, après Choi Min-shik, Park joue un Yi Sun-shin rajeunie mais toujours aussi barbu et engoncé dans son armure de dragon des mers. On croyait tout savoir des exploits de l'amiral, le film « Roaring Currents » en 2017 est toujours un top du box office, que peut bien apporter un nouveau film et que vient donc faire Park Hae-il dans cette galère ou, plutôt, ce bateau-tortue ?



* L'histoire est connue

L’histoire est connue. Tous les enfants des écoles élémentaires en Corée du Sud connaissent les exploits de l'amiral. Le général Park Chung-hee, célèbre dictateur des années 1960-70 avait fait de l'amiral sa mascotte. Une énorme statue du bonhomme trône en plein cœur de Séoul devant l'ancien palais impérial. Elle fait encore de l'ombre à la statue du roi Sejong venue contre-balancer, plus tard, le côté guerrier de l'affaire. Bref, à la différence du film « Roaring Currents » avec Choi Min-shik qui se situait plus tardivement lors de la bataille de Myeong-nyang en 1597, nous sommes supposés être aux débuts de la guerre dite Imjin, c'est-à-dire une succession d'invasions japonaises sur la péninsule entre 1592 et 1598. Dès le départ, cela tourne mal pour la dynastie Joseon : les nippons envahissent sans encombre le pays et commencent à le piller. Seul l'amiral Yi Sun-sin parvient sur les côtes à battre la marine nippone. D'abord à la bataille de Sacheon où il emploi des bateaux-tortues super blindés. L'amiral les utilisera jusqu'à la défaite de la bataille de Chilcheollyang en 1597 où ils seront pour la plupart détruits.



* Espion double

Si le film n'évite pas les scènes de bataille en carton-pâte (dans leur version actuelle, il s'agit de photoshop et autres effets numériques proches du mauvais dessin-animé), il tente d'introduire une intrigue d'espionnage, qui par ailleurs est assez connue. Celle d'un agent-double nippon qui se propose d'espionner pour l'amiral. La mise-en-scène de Kim Han-min, qui avait déjà commis « Roarring Currents », devient alors confuse, sa lourdeur devient pesante. Très vite, malgré les écriteaux de style manga pour indiquer qui est qui, on se perd dans les querelles et les soi-disant mensonges des uns et des autres. Il faut dire qu'on s’intéresse peu à des personnages dépourvus de personnalité. Bref, l'histoire veut qu'un agent double ait provoqué la chute de l'amiral au yeux du roi Sonjo. Ce dernier ne le portait déjà pas dans son cœur. Accusé de trahison, Sonjo fait délicatement torturer l'amiral (à l'époque on aimait le fouet, l’étranglement, les brûlures, la pendaison à l'horizontale et l'écartèlement). Grâce à ses copains au gouvernement, l'amiral s'en sort vivant mais dégradé au rang de soldat. C'est la mort de son remplaçant à la bataille de Chilcheollyang qui lui permet de reprendre les rênes de ses bateaux-tortues.



* Misère du film histrion

On l’aura compris : si Park Hae-il est monté en grade dans le star-system pour avoir le droit d'incarner l'amiral héros national, il est tout aussi engoncé dans son costume de dragons des mers de pacotille que l’était le pauvre Choi Min-shik dans « Roarring Currents ». Ce dernier avait eu au moins le loisir de dire qu'il s'agissait de sa plus mauvaise performance parce qu'il n'avait rien eu à faire durant le film. Park a essayé de battre Choi sur ce point : à part écarquiller ses petits yeux, dans lesquels on ne voit que les billets verts du box-office à venir, il ne fait pratiquement rien. L'irréalisme des combats moins bien faits que ceux des jeux vidéos de base s'ajoute à l'absence de personnages féminins. Si une Kiseng espionne apparaît un peu, c'est qu'elle s'est perdue sur le plateau de tournage. Les personnages féminins sont essentiels pour refléter l'émotion. C'est une réalité de base que le plus débutant des scénaristes connaît. Mais il s'agit ici plutôt d'une sorte de cinématique de jeux vidéos, c'est-à-dire, une sorte d'introduction pour mettre en contexte le gameplay ou l'interface de jeu qui vient ensuite. L'adolescent peut alors mieux rêver ses « headshots » en les remettant dans les décors et l'ambiance créées par le cinématique d'introduction. C'est une stratégie gagnante pour les jeux vidéos qui en abusent de plus en plus, en promettant plus de réalisme d'année en année. Pour un film de cinéma, cela n'a aucun intérêt sauf celui de tenter de faire fusionner dans l'esprit engourdie des adolescents les visuels des jeux et ceux du cinéma. Il est probable que de nouveaux jeux mettront en scène l'amiral. On le connaît déjà dans « Mobile Legend : Bang Bang », dans « Age of Empires 2 The Conquerors », « Rise of Kingdoms » et « Empire : Dawn of the Modern World ». C'est donc derrière les manettes qu'on peut se mettre dans la peau de dragon de Yi Sun-sin.

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