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Cinéma & dramas

Casino et Big Bet : les jeux sont faits

2023-01-18

Séoul au jour le jour


L'acteur-star Choi Min-sik est de retour en roi des jeux illégaux dans la série « Casino » aussi nommée « Big Bet » et dotée d'un gros budget de 20 millions de dollars. Réalisée par Kang Yoon-sung pour Disney, la série introduit Choi Min-sik et ses compères Son Suk-ku, Lee Dong-hwi et Heo Sung-tae dans l'univers des films de gangsters internationaux. L'histoire est notamment basée sur des faits réels survenus aux Philippines.Voyons de plus près ce qu'il en est.



* Ça démarre à l'ancienne...

Le moins que l'on puisse dire, est que le réalisateur Kang Yoon-sung sait jouer de ses références en matière d'histoire du cinéma. Ici, dès la première séquence, le spectateur se retrouve entre « Scarface », version de Brian de Palma et « A Better Tomorrow » version John Woo. Le premier pour le côté exotique que constitue le décor philippin et le second pour les flots de gardes du corps entourés de nuées de journalistes. Choi Min-sik joue donc un roi du casino dans le quartier coréen de la ville d'Alaminos aux Philippines. Alors qu'il discute avec son homme de main dans sa voiture, deux tueurs circulent aussi au son d'une musique dansante sortant de leur radio. Puis, très vite, ils déboulent dans une boutique coréenne et des coups de feu éclatent. Arrivé dans son restaurant préféré, Choi est piégé par la robuste police philippine qui finit par l'embarquer avant de l'exposer aux questions des journalistes. Cette introduction en matière donne le ton d'un film de gangsters à l'ancienne, très orienté sur le style des années 1970 au début des années 1980. « The French Connection » étant le modèle de base.



* La Corée des années 1970

Après l'entrée en matière côté thriller, on s'envole dans le passé du roi des casinos. Après l'exotisme des Coréens aux Philippines, vient l'exotisme de la reconstitution minutieuse des années 1970 dans la province de Gyeongsang, dans le sud-est ce la péninsule. C'est là qu'est né le personnage de Choi dans une famille pauvre avec un père gangster qui passe son temps en prison ou à organiser des jeux illégaux. « Casino » ne veut pas s'éterniser sur le passé, mais le côté nostalgique est au cœur de la série. Cela donne par exemple, la scène où le père roublard et bagarreur décide d'apprendre à son jeune fils à lire et à écrire. Ce denier ne peut plus rester à l'école car il a trop de retard ; il passe ses journées à chasser les insectes pour les revendre pour quelque wons sur le marché. 

La série bénéficie de gros moyens, et cela se voit dans les reconstitutions des bourgades déshéritées de Yangsan puis de Yeongju à la suite du personnage et de sa mère avant d'atterrir dans une ville de Daejon qui sent encore bon la campagne. Précisions des costumes et décors (et aussi des accents et dialectes des gamins des rues) qui dépassent ceux d'une série plus étriquée comme « Pachinko ». Le réalisateur tente même quelques beaux mouvements de grues et de travellings sans pourtant faire ce qu'il semble apprécier le plus : les scènes de tension entre les gangsters et la police. C'est ce qui arrive dès le deuxième épisode. 



*Gangstérisme international

Le choix de l'histoire de la montée en puissance d'un gangster puis de sa chute fait inévitablement penser aux grands films du genre comme « Scarface », à la fois la version de Howard Hawks et celle de Brian de Palma avec Al Pacino. Le cinéma sud-coréen a aussi de beaux antécédents dans le genre : citons « A Bittersweetlife » de Kim Jee-woon ou encore « Asura » de Kim Sung-su avec Hwang Jung-min. Ce dernier avait d'ailleurs fait le lien pour le genre entre le grand et le petit écran dans « Narco-Saints » avec Ha Jeong-woo pour Netflix. Il s'agissait là d'Amérique du Sud et de trafic de drogue. Ce faisant, il faut néanmoins remarquer qu'il s'agit de films qui montrent sous un bon jour toutes sortes de malfrats, voyous et autres chefs de gangs. 

On se souvient que dans les années 1930, il avait fallu l'intervention du département de l'Intérieur américain pour freiner les apologies de gangsters dans les films noirs d'Hollywood. En Asie, les films noirs de Hong Kong et ceux de yakuzas au Japon sont célèbres pour avoir été parfois produits par des mafieux nostalgiques de leur gloire et grandement épris de cinéma. Le gangstérisme des voyous ne va pas sans le glamour des héros de cinéma. Il faut noter - et c'est ce qui joue probablement dans le cinéma sud-coréen - que ces histoires sont aussi des « success stories » même dans l'illégalisme et même si elles finissent souvent mal. C'est ici que le talent de Choi Min -sik entre en jeu. Car finalement, au-delà des décors reconstitués et des courses-poursuites entre la police et les gangsters, il lui faut créer un personnage marquant, une nouvelle figure du cinéma. 

Notre acteur y parvient en dépouillant son personnage de toute afféterie, en le maintenant dans la naïveté de son enfance, comme si tout ce qui lui arrivait naissait spontanément de ce qui l'entourait. Alors qu'il doit pourvoir en hôtels, en bureaux, en cuisiniers entre autre choses son nouveau bizness à Daejon, il semble étonné et regarde simplement autour de lui ; puis pointe du doigt et interpelle les personnes de passage ; et tout ce met en place simplement. Un long plan en caméra portée tourbillonnant autour de Choi illustre cette idée et fonde l'originalité du personnage créé par l’acteur lui-même pour la série. 

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