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Cinéma & dramas

Maybe We Broke Up : adieu romances

2023-04-12

Séoul au jour le jour


Les romances qui ont longtemps entretenu le public féminin sud-coréen ne sont plus ce qu'elles étaient : le cas du film « Maybe We Broke Up » en est une parfaite illustration. Le prince charmant, qu'il soit le bon copain ou le chic bourgeois, ne passe plus devant les ambitions de réussite sociale de la jeune héroïne, qui, elle, demeure toujours parfaite, moraliste et pure comme dans les vieux standards. Voyons ça de plus près.



* La romance traditionnelle détournée

L'histoire est simple et ressemble au classique de Dostoïevski des « Nuits Blanches ». Un couple non marié mais vivant ensemble est en crise : elle (Jung Eun-chae) est artiste mais doit renoncer pour bosser dans une agence immobilière car son copain (Lee Dong-hwi) rame de petits boulots en petits boulots en fainéant de préparer un concours administratif. Le couple du glandeur et de l'ambitieuse se dédouble après qu'ils décident de rompre. Elle rencontre un chic bourgeois (Kang Gil-woo), et il rencontre une étudiante (Jung Da-eun) pleine de franchise et d'humour comme lui. Là on diffère de Dosto : le bellâtre s'avère un mari et père ; l'étudiante se fait la belle au premier doute. On attend comme chez l’écrivain russe les retrouvailles passionnées et destinées après les amourettes passagères, mais non, l'ambitieuse carriériste n'aura aucun regard pour son ex devenu un sémillant vendeur. Fini la romance, adieu au couple.  



* Fable moraliste

Disons-le rapidement : tout cela se déroule dans un contexte peu réaliste. Par exemple, sans explications, les deux supposés prolo possèdent des appartements confortables. Ils ne font presque pas référence à leurs familles mais juste à quelques amis. Pour ce qui est de la romance, on ne les voit jamais s'embrasser et à peine se toucher. Ensuite, au niveau de l'intrigue, l'étudiante, amante pourtant parfaite, rompt sans raison avec Lee Dong-hwi. Kang Gil-woo, le nouveau riche copain de Jung Eun-chae, est envoyé rapide aux oubliettes alors qu'il explique qu'il est en cours de divorce. Sans parler du final avec Jung en peintre à succès tombée du ciel. Bref, tout cela n'accroche pas au vécu quotidien, car l'essentiel est surtout dans la fable moraliste : la jeune femme désire avoir une vie de bourgeoise à tout prix et son lourdeau de copain ne la freinera pas. Dans ce type de récits conservateurs, ce qui est nouveau, ici, ce n'est pas l'incompréhension du sentiment amoureux - il a toujours été subordonné aux attentes de la famille et de la société - mais la mise en avant de la femme célibataire candidate à l’embourgeoisement. Fini donc le couple et l'enfantement : le succès social suffit même à la famille - elle est d'ailleurs peu évoquées dans le film.



* Humour quand même

Ce film en forme de démonstration poussive, réalisée par Hyung Seul-woo en mode automatique sauf par endroit (il faut bien que le chef opérateur reprenne conscience de temps à autre) comporte quelques moment d'humour théâtral non dénués d’intérêt. On imagine que Jung Eun-chae et Lee Dong-hwi ont parfois réalisé à quel point leurs dialogues étaient répétitifs et insipides. Citons notamment la meilleure scène de l’héroïne où elle demande à son indélicat copain de lui laisser goûter ses ramyeons, et qu'elle s’empare d'une énorme bouchée de nouilles piquantes, sans quand même tacher son tailleur sorti du pressing. Très belle performance de clown pour Lee Dong-hwi quand alors qu'il devrait étudier il joue aux jeux vidéos avec son pote, et que sa copine, Jung Eun-chae débarque à l'improviste. Le pote se cache derrière une baie vitrée presque transparente et Lee Dong-hwi fait comme s'il était invisible. Ces côtés chaplinesques, probablement amenés par le jeune homme, sauvent le film de la démonstration sentencieuse. Citons notamment le moment où quelques mois après la rupture, son ex, qui vient de rompre avec le copain chic de substitution rappelle Lee au téléphone. La scène aurait pu filer comme une grande partie du film dans la mièvrerie des sitcoms, mais Lee a l'idée, pour son personnage, d'avoir un torticolis. La longue séquence est soudain transcendée, la logorrhée attendue se change en farce en faveur de Lee Dong-hwi.



* Duel d'acteurs

Dans ces romances standards, on s'attend à la formation d'un couple à l'écran - l'industrie du casting nous en a habitué et les spectatrices attendent cela pour appliquer leurs jugements inébranlables - mais ici il s'agit plutôt de qui volera la vedette à l'autre. Leur jeu clownesque pour Lee, naturaliste pour Jung, sont si différents que chacun fait son possible pour attirer l'attention d'un caméra béotienne au mépris de l'équilibre du film et du réalisme de l'intrigue. Si les producteurs avaient décidé d'avance que le nouveau cliché de jeune femme devait sortir vainqueur, le clownesque Lee Dong-hwi n'était pas loin de l'emporter.  

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