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Cinéma & dramas

Kill Boksoon : quel boxon !

2023-04-26

Séoul au jour le jour


Le film « Kill Boksoon » de Byun Sung-hyun, l'auteur de l'étonnant « Kingmaker » sur le président Kim Dae-jung, tente de reprendre sa verve dans le film d'action commencée en 2017 avec « The Merciless ». Surtout, il semble coller à l'acteur Sol Kyung-gu qui a joué les premiers rôles dans ces trois derniers films. Cette fois, Byun ajoute à sa panoplie très masculine un rôle de femme interprété par Jeon Do-yeon. Cette dernière devant jouer les « Kill Bill » à la manière d'une Uma Thurman. Voyons ça de plus près.



* Une intrigue de manga

Jeon Do-yeon, alias Bok-soon, est donc la mère célibataire d'une petite fille. Comme toutes les mamans, elle se fantasme en tueuse d'élite la nuit. Entre deux devoirs à repasser avec son ado, elle se défoule en tranchant des gorges et en défonçant des crânes. Sa bande, dirigée par le très sémillant Sol Kyung-gu, est très stricte sur la hiérarchie, les bonus et les résultats. L'acteur Koo Kyo-hwan vient jouer les trouble-fêtes : super tueur, lui aussi, il n'est pourtant pas reconnu à sa juste valeur par sa hiérarchie. Cela ne l'empêche pas de coucher avec Bok-soon dans la seule scène un peu sexy du film. Bref, la maman-tueuse va devoir choisir entre son mentor à la tête de la compagnie de tueurs et son amant bien monté. Le suspense est donc aussi torride qu'un yakitori réchauffé. Et on se croirait dans un manga de yakuza et samouraïs des années 1980. D'ailleurs, l'acteur Hwang Jung-min fait une apparition au début du film en Japonais d’origine coréenne entraîné à l'art du sabre. 



* Métaphore de la compétitivité sociale

Il est très clair dès le début que l'intrigue et l'univers créé par le film est une métaphore de la compétitivité dans la société capitaliste post-moderne actuelle. L'organisation de tueurs se vante, d'après les dires de son PDG Sol Kyung-gu, d'être en pointe au niveau compétitivité et de se distinguer des vieux clans mafieux. On y retrouve la hiérarchie bureaucratique, les bonus de fin d'année, la non-vie, les magouilles des uns et des autres pour des avancements, des budgets ou des vacances de cartes postales prolongées. Le cas du personnage frustré de Koo Kyo-hwan est très représentatif : ce système qui fusionne à la fois l'autoritarisme bureaucratique paramilitaire traditionnel et le commercialisme de marché moderne est un simulacre, une falsification. Alors qu'il est probablement le meilleur de son équipe, le jeune tueur sera mis à l'écart, car ce qui compte c'est la médiocrité des suiveurs, des pions obéissants. Bok-soon est celle qui le réalise alors qu'elle s’apprête à quitter ou continuer dans l'entreprise.



* Effets d'animation

Si la référence à « Kill Bill » de Tarantino est d'emblée affirmée avec le duel comico-décalé entre Jeon Do-yeon et Hwang Jung-min, le film lorgne clairement vers les effets de film d'animation. C'est particulièrement le cas dans le final où Bok-soon tue son mentor Sol Kyung-gu. Les deux se font face (comme pendant la moitié du film, d'ailleurs) et ils imaginent comment ils vont s’entre-tuer. Couteau dans la carotide, sabre entre les deux yeux, vol plané de taekwondo assorti d'un coup bas de karaté, morsure à l'entre-jambe et coup de coude aux parties génitales, etc. Après les options genre vente en ligne, le film ne choisit pas et les sur-impressionnent toutes dans un même plan large. Bonne idée visuelle, donc, avec celle déjà bien connue dans les mangas des jets de sang qui flottent dans les airs presque au ralenti. Déjà la première séquence, de pure gratuité, montrait la tête de Jeon Do-yeon tomber dans une flaque et un bain de sang au ralenti. La référence tarantinienne s'appuie aussi sur les dialogues absurdes et tirant vers le comique troufion. Malheureusement, le réalisateur ne parvient pas à trouver la recette du cinéaste américain qui consiste à maintenir un suspense, une tension derrière des gags de comédie et des combats irréels comme dans « Kill Bill » ou « Pulp Fiction ». « Kill Bok-soon » tombe souvent à plat et dans la logorrhée de dialogues insipides car sans enjeu. N'oublions pas qu'il s'agit d'une production distribution télévisée de Netflix. Les longueurs sont donc permises.



* Nextflix coréen

Le casting de haut vol que se paie Netflix pour ce film et la multitude de décors en pré-fabriqués de studios montrent, une nouvelle fois, l'ampleur du capital de cette société. Cela montre aussi comment les compagnies coréennes, et pas seulement Studio Dragon – ont intégré la présence du géant américain. Du côté du jeune réalisateur, il est certain qu'il admire Sol Kyung-gu peut-être un peu trop. Car il ne lui propose pas vraiment une variété de rôle frappante – hormis son interprétation de Kim Dae-jung dans « Kingmaker ». Byun, qui a commencé dans la comédie avec « The Beat Goes On » et « Whatcha Wearin' » semble vouloir être catégorisé en cinéaste de films d'action. Il y réussit pour le moment sur le papier seulement.

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