La Corée du Sud a lancé avec succès, hier, la première fusée spatiale de sa propre conception, baptisée Nuri (KSLV-2), mais elle a échoué à mettre en orbite un satellite factice.
Le tir a eu lieu vers 17h, une heure plus tard que prévu. Tout a fonctionné normalement pour la séparation du premier étage de la fusée, celle du deuxième étage ainsi que le délestage du carénage de charge utile. C’est ce qu’a déclaré le jour même le ministère des Sciences et des TIC.
Lors d’une conférence de presse, la ministre Lim Hye-sook a souligné que Nuri avait accompli toutes les phases de son vol et atteint une altitude de 700 km, comme prévu. Elle a précisé que le satellite factice n’avait pas obtenu la vitesse nécessaire pour se placer sur une orbite basse.
L’officielle a donné plus de détails sur les raisons de cet échec. La combustion du moteur de 7 tonnes au troisième étage s’est terminée plus tôt qu’attendu, à savoir en 475 secondes au lieu de 521 secondes. Par conséquent, le satellite n’aurait pas pu atteindre la vitesse de 7,5 km par seconde et il se serait détourné de son orbite. Le gouvernement a décidé de mettre sur pied une équipe d’enquête pour comprendre la cause d’une telle combustion précoce.
En tout état de cause, il est indéniable que la première fusée « made in Korea » a assuré sa mission principale, de sorte que l’Institut de recherche aérospatiale de Corée (KARI) peut s’enorgueillir d’avoir accompli le cycle de développement des moteurs.
Le prochain défi consiste à placer un satellite de 1,5 tonne sur une orbite basse à une altitude de 600 ou 800 km. Lors du deuxième tir prévu en mai 2022, Nuri transportera un engin factice de 1,3 tonne et un autre visant à mesurer les performances. Ce dernier transmettra au sol les données nécessaires pour savoir si tous les composants de conception locale fonctionnent correctement dans l’espace. La fusée sera lancée de nouveau à quatre reprises : en décembre 2022, en 2024, en 2026 et en 2027.
En s’appuyant sur une telle expérience, la Corée du Sud souhaite s’engager activement dans des projets d’exploration spatiale internationaux. A ce propos, le président de la République a annoncé l’objectif de lancer un orbiteur lunaire l’an prochain. Moon Jae-in a souligné que son pays participerait au programme baptisé « Artémis » que l’agence américaine NASA mène actuellement pour dépêcher une nouvelle mission habitée sur la Lune, 50 ans après les premiers pas historiques de l’Homme. Au final, son gouvernement prévoit de faire poser une sonde sud-coréenne sur le satellite terrestre d’ici à 2030.