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Livre blanc sur la défense : Séoul réemploie le terme « ennemi » pour désigner Pyongyang

Gros plan sur l'actualité2022-12-10

ⓒYONHAP News

L’administration de Yoon Suk-yeol doit publier, le mois prochain, son premier livre blanc sur la défense. Selon plusieurs sources gouvernementales, l’ébauche de ce texte décrirait le régime et l’armée de la Corée du Nord comme « ennemi ». Si cette expression est retenue dans la version définitive, ce sera une première en six ans.


Mais cela n’est pas vraiment une surprise. En effet, Yoon, élu président de la République, avait annoncé envisager de réutiliser ce terme dans les documents officiels pour désigner Pyongyang, ce par l’intermédiaire de son comité de transition chargé de présenter les 110 chantiers prioritaires du nouveau gouvernement. Après son investiture en mai, l’armée sud-coréenne avait d’ailleurs réinséré le mot en question dans les manuels d’instruction de ses soldats.


Le concept « le Nord considéré comme un ennemi » a fait son apparition dans le livre blanc sur la défense pour la première fois en 1995, suite à un incident fâcheux. Lors d’un contact intercoréen pendant l’année précédente, l’un des représentants du pays communiste avait tenu des propos menaçants : « s’il y a la guerre, Séoul deviendra une mer de feu ». Cette affaire a fait monter d’un cran les tensions dans la péninsule. Et elle a poussé le Sud à définir son voisin comme « ennemi principal », et non simplement « ennemi ». Il a fallu attendre une détente dans les relations intercoréennes pour que Séoul remplace l’expression par « une menace militaire directe » dans son édition 2004. Mais un tournant a eu lieu suite au torpillage de la corvette Cheonan et l’attaque de l’île de Yeongpyeong commis par l’armée nord-coréenne en 2010. La même année, l’expression est entrée de nouveau dans le livre blanc sous le président de l’époque Lee Myung-bak. Et elle a été maintenue sous l’administration de Park Geun-hye. Et ensuite, un nouveau revirement a eu lieu après l’alternance politique. Le gouvernement de Moon Jae-in, fervent promoteur du dialogue avec le royaume ermite, a supprimé le terme « ennemi » dans les éditions de 2018 et 2020.


L’expression « ennemi » est à double tranchant. C’est un concept très utile en ce qu’il permet de clarifier d’où vient la menace et de renforcer la défense nationale. Mais son emploi risque de présenter un obstacle aux efforts pour le dialogue et la coopération. Cela est donc une question délicate.


A ce sujet, le ministère de la Réunification a cherché à relativiser l’enjeu de la réutilisation de ce mot, qui ne refléterait que le caractère de la mission que l’armée doit accomplir. Selon lui, la Corée du Nord est à la fois une menace militaire réelle et un partenaire de dialogue pour installer la paix.

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