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Tracts anti-Pyongyang : le Congrès américain organise une audience sur la loi sud-coréenne

Gros plan sur l'actualité2021-04-24

ⓒYONHAP News

Une loi sud-coréenne est sur la sellette au Congrès américain. Mi-décembre, la Corée du Sud a révisé sa « loi relative au développement des relations intercoréennes » afin d’interdire le lâcher de ballons aériens contenant des prospectus anti-Pyongyang par-delà le 38e parallèle. Depuis, de nombreuses voix se sont élevées aux Etats-Unis pour dénoncer une atteinte à la liberté d’expression. Finalement, la Commission Tom Lantos chargée des droits de l’Homme, un organisme suprapartisan de la Chambre des représentants, a organisé, le 15 avril, une audience en visioconférence sur cette loi, ce à l’initiative de son co-président, le député républicain Chris Smith.


L’audience s’est tenue sur le thème « Droits civiques et politiques en Corée du Sud : les enjeux des droits de l’Homme dans la péninsule ». C’est la première fois que la Commission Tom Lantos se penche sur la question des droits fondamentaux au pays du Matin clair. Durant la séance, les participants étaient plus nombreux à élever la voix contre la loi sud-coréenne qu’à comprendre la portée de celle-ci. James McGovern, le député démocrate et co-président de cette commission, a certes dit reconnaître les efforts menés par Séoul, mais souhaiter « personnellement » qu’il révise la loi controversée. Un autre co-président, le républicain Chris Smith, s’est montré plus virulent. Il a accusé le gouvernement de Moon Jae-in de dépasser les limites de son pouvoir et de politiser le Parquet pour tourmenter les associations civiques anti-Pyongyang.


Cette audience est édifiante en ce qu’elle montre bien ce à quoi tient l’administration de Joe Biden. Celle-ci accorde une grande importante aux droits de l’Homme et à l’environnement, contrairement à celle de Donald Trump qui mettait en avant les intérêts réels de son pays. Par ailleurs, cette audience reflète bien l’opinion dominante sur le sujet. Bien que l’exécutif sud-coréen ait justifié son dispositif par la volonté de protéger la vie des riverains à la frontière avec le pays communiste, Washington y voit surtout une entrave au flux d’informations extérieures vers le royaume ermite et l’atteinte à la liberté d’expression. Deux jours plus tôt, un porte-parole du département d’Etat américain avait déclaré respecter le fait que la Corée du Sud est une nation démocratique disposant d’une justice puissante et indépendante et possède un dispositif permettant de réviser la loi en question.


Au sud du 38e parallèle, les opinions sont très partagées. Les pourfendeurs n’hésitent pas à accuser leur gouvernement de ne penser qu’à ménager ses relations avec le régime de Kim Jong-un au point de reléguer au second plan les droits de la population nord-coréenne voire de persécuter les associations civiques anti-Pyongyang. Les partisans de la loi se veulent plus réalistes. Ils soulignent les facteurs à risque, tels que l’affrontement entre les riverains et les activistes, ou les tirs au canon anti-aérien effectués par l’armée nord-coréenne pour détruire les ballons. D’ailleurs, c’est pourquoi le gouvernement précédent conservateur avait, lui aussi, interdit ces largages.


Ainsi, la pression sur le plan intérieur aussi bien qu’extérieur monte de plus belle pour amener Séoul à revoir sa copie.

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