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L’organe onusien CDH condamne Pyongyang pour la 19e année consécutive

Gros plan sur l'actualité2021-03-27

ⓒGetty Images Bank

C’est sans surprise. Le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu (CDH), composé de 47 Etats membres, a adopté une nouvelle résolution contre la Corée du Nord pour la 19e année consécutive lors de sa 46e réunion organisée mardi à Genève. Le texte a été approuvé « par consensus » sans vote. Il condamne vivement les violations graves, systématiques, généralisées et persistantes des droits de l’Homme dans le nord de la péninsule et il appelle aussi à l’établissement des responsabilités des crimes contre l’Humanité.


Comme la situation des droits humains reste immuable dans le royaume ermite depuis 19 ans, la nouvelle résolution est presque identique aux précédentes. Toutefois, on peut remarquer quelques nouveautés. Par exemple, la dernière version évoque la pandémie de COVID-19 pour souligner l’importance d’autoriser les déplacements en Corée du Nord des employés d’organisations internationales et les importations de produits de première nécessité pour aider les plus démunis. Le rapport fait part, pour la première fois, de l’inquiétude liée aux violations des droits de l’Homme des anciens prisonniers de guerre sud-coréens détenus au Nord et de leurs descendants. Le CDH a aussi mentionné la nécessité d’organiser en urgence les retrouvailles des familles séparées de part et d’autre du 38e parallèle. Par ailleurs, il a prolongé d’un an le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme en République populaire démocratique de Corée.


C’est la Commission des droits de l’Homme qui a adopté en 2003 la première résolution relative à la situation en Corée du Nord. Alors que l’Onu l’a remplacée par l’actuel Conseil des droits de l’Homme (CDH) en 2006, le texte de même nature a été adopté sans interruption depuis 19 ans. A partir de 2016, il a été approuvé même sans passer par un vote. Cela signifie que ce dossier inquiète la communauté internationale au point de susciter un consensus infaillible. Certes, certains pourraient préférer garder le silence selon leur position politique, mais ils ne pourraient pas s’y opposer ouvertement. Alors que les droits de l’Homme sont acceptés comme la valeur universelle de l’Humanité, les habitants nord-coréens voient les leurs pratiquement niés et systématiquement bafoués par la dynastie des Kim dirigeant le pays depuis trois générations. Partie de ce constat, la résolution onusienne appelle à en punir les responsables.


On constate la divergence de démarches entre Séoul et Washington. Le dernier projet de résolution a été remis au CDH par l’Union européenne. La Corée du Sud n’a pas rejoint les Etats qui l’ont parrainé pour se contenter d’approuver son adoption, ce pour la troisième année consécutive depuis 2019. Par contre, les Etats-Unis, qui avaient réintégré l’organe onusien en février dont l’administration Trump avait claqué la porte en 2018, ont fait figurer leur nom sur la liste des nations ayant proposé ce texte. Selon un responsable du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, le gouvernement a pris une telle décision en tenant compte de plusieurs contextes, mais il œuvre toujours avec la communauté internationale pour évaluer réellement la situation des droits humains au nord du 38e parallèle. Cependant, certains l’accusent d’avoir peur de froisser le régime de Kim Jong-un. Par ailleurs, une telle attitude ambiguë pourrait placer Séoul dans une position inconfortable face à l’administration Biden qui accorde une plus grande importance aux valeurs démocratiques et aux droits de l’Homme que sa précédente.

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