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Pyongyang fait exploser le Bureau de liaison intercoréen

Gros plan sur l'actualité2020-06-20

ⓒYONHAP News

La Corée du Nord a finalement déversé sa colère contre sa voisine du Sud. Plus particulièrement Kim Yo-jong, la petite sœur influente du leader nord-coréen. Elle a dirigé des critiques acerbes contre le discours que le président sud-coréen, Moon Jae-in, a prononcé à l’occasion du 20e anniversaire de la déclaration conjointe du 15 juin 2000, adoptée à l’issu du premier sommet intercoréen. Elle l’a qualifié de « baratineur », d’« irresponsable » et de « dégueulasse » et a promis de faire détruire à l’explosif le Bureau de liaison intercoréen. Et mardi, c’était chose faite.


Séoul a alors durci le ton à l’égard de Pyongyang. Du côté de la Cheongwadae, le premier secrétaire à la communication a condamné fermement les propos « incongrus » et « irrespectueux » de Kim Yo-jong. Yoon Do-han a averti que le Sud ne tolérerait plus ce type d’offensives déraisonnables. Quant au ministère de la Défense, il a promis de faire payer le prix à la Corée du Nord si jamais celle-ci passe à l’acte sa menace de rompre l’accord militaire intercoréen signé le 19 septembre 2018. Le ministère de la Réunification a protesté contre l’état-major général de l’armée nord-coréenne qui a déclaré son intention de remilitariser le site touristique des monts Geumgang et le complexe industriel intercoréen de Gaeseong. Selon lui, ce serait retourner à la case départ, soit avant l’adoption de la déclaration pacifiste du 15 juin 2000, et donc porter atteinte au droit de propriété des entreprises sud-coréennes qui ont beaucoup investi dans ce complexe.


Fait notable. Kim Yo-jong est monté sur le devant de la scène pour orchestrer ces dernières provocations à la place de son grand frère, avant de déclarer qu’elle allait « passer à l’armée le droit d’exercer une prochaine action contre l’ennemi ». Les médias nord-coréens n’ont pas tardé à dévoiler des images de l’explosion spectaculaire du Bureau de liaison intercoréen, tout en incitant la population à haïr le Sud. Au début, le régime de Kim Jong-un a prétexté le largage aérien de tracts à son égard pour justifier ses provocations. En réalité, il semble vouloir exprimer son profond mécontentement sur les dossiers restant au point mort, y compris l’éventuelle levée des sanctions qui lui sont imposées.


Le Bureau de liaison intercoréen a été créé conformément à ce que les deux Corées ont convenu de réaliser, à l’issue de leur sommet du 27 avril 2018. Il incarnait par excellence la politique nord-coréenne du président Moon Jae-in. Sa destruction reviendrait à faire abolir la déclaration conjointe de Panmunjom de 2018, et à suspendre de nouveau une épée de Damoclès au-dessus de la péninsule coréenne. Pyongyang n’a pas réagi après que Séoul a durci sa position. Quant à Washington, il a prolongé d’un an ses sanctions contre le royaume ermite et les « faucons » soulignent la nécessité d’exercer une pression militaire sur le pays communiste. La tension risque donc de durer encore quelque temps.

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