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AIEA : Pyongyang continue à enrichir de l’uranium depuis un an

Gros plan sur l'actualité2020-09-05

ⓒGetty Images Bank

La Corée du Nord aurait continué à enrichir de l’uranium depuis un an. C’est ce que constate l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans son rapport annuel publié mercredi, en amont de son assemblée générale qui débutera le 21 septembre à Vienne. Pour rappel, ses inspecteurs ont été expulsés du royaume ermite en 2009, et depuis, elle n’a plus accès aux installations nucléaires nord-coréennes. L’AIEA tire donc son analyse des images satellites et d’autres informations dont elle dispose.


Le document rend compte de mouvements de véhicules et de signes de redémarrage des installations de refroidissement aux alentours d’une usine de fabrication de barres de combustible nucléaire sur le site de Yongbyon. Selon l’organisation internationale, cela laisse penser que le régime de Kim Jong-un produit de l’uranium enrichi depuis des centrifugeuses. Le texte évoque également la possibilité que des opérations d’enrichissement d’uranium se poursuivent à Kangson, près de Pyongyang. Dans son rapport, l’AIEA n’a pas manqué d’exprimer son profond regret pour une telle violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et elle a appelé le pays communiste à s’acquitter pleinement de ses devoirs internationaux et à coopérer avec elle. Cependant, le document précise ne pas avoir détecté de signe laissant supposer le retraitement des combustibles usées visant à en extraire du plutonium. D’après le texte, le réacteur de 5 MW de Yongbyon, connu pour fabriquer du plutonium à des fins militaires, n’aurait pas fonctionné depuis début décembre 2018.


De l’autre côté, les Etats-Unis ont émis mardi une mise en garde contre l’approvisionnement de matériels dans le cadre du programme balistique nord-coréen. Cet avertissement a été conjointement émis par trois entités dépendant des départements d’Etat, du Trésor et du Commerce, à savoir respectivement le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), le Bureau de la sécurité internationale et de la non-prolifération (ISN) et le Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS). Cette alerte énumère les principaux organismes et les stratagèmes frauduleux que Pyongyang mobilise pour développer ses missiles, et elle détaille les clauses de la loi américaine relative à la lutte contre la prolifération nucléaire nord-coréenne. Elle contient aussi la nomenclature des produits-clés utilisés pour le programme en question et la liste noire des personnalités et entités nord-coréennes faisant l’objet de sanctions américaines.


Par ailleurs, le département d’Etat a appelé, dans son communiqué de presse, les acteurs de domaines civils à rester vigilants sur ce sujet. Il les a prévenus que, s’ils apportent, ne serait-ce que par inadvertance, un soutien matériel ou technologique au programme balistique nord-coréen, ils risquent de se retrouver sous le coup des sanctions américaines et onusiennes. Selon son sous-secrétaire adjoint chargée de l’Asie du Nord et du Pacifique, David Stilwell, cette démarche n'était pas une menace, mais avait pour but d’inciter Pyongyang à revenir à la table des négociations.


Le rapport de l’AIEA et l’alerte du pays de l’Oncle Sam permettent de serrer l’étau sur le dossier nucléaire nord-coréen, dans un contexte où la communauté internationale a d’autres préoccupations plus pressantes, telles que la pandémie du COVID-19. Dans le passé, le royaume ermite a déjà fait avancer discrètement son programme nucléaire et balistique profitant de période de transition, lorsque Washington baisse sa garde, comme à l’approche d'une élection présidentielle.

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