Un rassemblement de grande envergure a eu lieu hier à Séoul sous une étroite surveillance policière pour exiger la démission de la présidente. C'est le troisième du genre contre Park Geun-hye, empêtrée dans un vaste scandale politico-financier qui implique sa conseillère de l’ombre de 40 ans, Choi Soon-sil. 
 
Une action publique de solidarité d'urgence réunissant quelque 1 500 groupes civiques et sociaux a monté cette manifestation sur la place de Séoul à partir de 16h. Plus d'un million de citoyens y ont pris part selon les organisateurs, 260 000 selon la police. 

L'événement d'hier a attiré la plus vaste foule depuis un grand rassemblement pro-démocratie en 1987. 700 000 personnes s’étaient regroupées lors d'une veillée à la bougie en 2008, afin de manifester contre les importations de boeuf américain après l'éclatement de la maladie de la vache folle aux Etats-Unis. Ainsi, il réprésente bel et bien l’indignation sans précédent de la population face à ce scandale qui secoue tout le pays depuis fin octobre.
 
Les contestaires, chandelle à la main, ont scandé le slogan « Park Geun-hye, démission ! ». Pour eux, le « Choi Soon-sil Gate » cristallise la corruption et l’inertie totale qui ont provoqué l’effondrement du système de l’Etat. La foule a transformé les grands axes du centre-ville, depuis la place de Gwanghwamun jusqu'à la Grande porte du Sud, en un immense fleuve de lumière. On y voyait des élèves du secondaire et des parents accompagnés de leurs enfants. Quelque 25 000 policiers anti-émeutes y ont été déployés pour maintenir l’ordre public. Néanmoins, l’événement se déroulait plutôt pacifiquement, sans heurts notables.
 
Les milieux syndicaux, les étudiants, les universitaires, les agriculteurs et d’autres organisations sociales ont tous rejoint la place de Séoul en face de l'Hôtel de ville après leurs propres rassemblements préalables en début d'après-midi. Les trois partis politiques de l’opposition s’y sont également donné rendez-vous.
 
A partir de 17h, les participants ont effectué une grande marche le long de plusieurs tronçons en face du palais Gyeongbok et tenté de se diriger vers la présidence, non loin de là. Ils ont ensuite regagné la place de Séoul pour finir leur mouvement anti-gouvernemental avec des concerts et des spectacles.

Des manifestations de protestation similaires se sont aussi produits dans l'ensemble du territoire dont Busan, Daegu, Gwangju, Ulsan et Jeju. Les expatriés sud-coréens leur ont emboîté le pas. Ils ont réclamé la démission de la chef de l'Etat dans une trentaine de villes à travers plus de dix pays dont les Etats-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et le Japon.
 
La présidente est pointée de doigt pour avoir été sous l’emprise de sa confidente occulte, accusée de corruption, de trafic d’influence et d’ingérance dans les affaires de l’Etat. Dans l’attente de calmer la colère populaire, la présidente a présenté des excuses à deux reprises et limogé quelques-uns de ses premiers conseillers. Elle a même accepté de terminer son mandat avec une légitimité très réduite et affaiblie, mais en vain. Le Parquet a ouvert l’enquête et Choi Soon-sil ainsi que plusieurs personnes impliquées dans cette affaire de corruption ont été mises en examen ou placées en détention.