La Corée du Sud devrait-elle changer son hymne national ? En coréen, celui-ci s’appelle « Aegukga », qui signifie littéralement « Le chant d’amour pour la patrie ». Certains demandent de le remplacer par une nouvelle version, fustigeant le passé sombre de son compositeur.
Kim Won-woong, le président de « The Heritage of Korean Independence » (HKI), a tenu hier une conférence de presse afin de dévoiler une vidéo prouvant la collaboration pro-japonaise de Ahn Eak-tai. Dans ce clip, le célèbre musicien, sous son nom japonisé Ekitai Ahn, dirige un orchestre lors d’un concert organisé en septembre 1942 à la Philharmonie de Berlin, sous le Troisième Reich, dans le but de célébrer le dixième anniversaire de l’Etat fantoche du Mandchoukouo, sous protectorat de l’Empire du Japon.
On y voit Ahn, à la baguette, dirigeant l’orchestre sur une chanson intitulée « L’Etat de la Manchourie », dont il a écrit en personne les paroles élogieuses pour le Japon, sur l’air de la « Symphonie de Fantaisie de Corée ». Ce morceau a influencé l’actuel hymne national sud-coréen.
Le HKI a pu se procurer cette vidéo de 7 minutes 20 secondes grâce au gouvernement allemand. En fait, il s’agit de la version originale du clip qui a été découvert au début des années 2000, lançant la polémique sur le passé sulfureux de Ahn. L’image est donc de meilleure qualité.
Selon l’association composée d’anciens résistants et de leurs descendants, cette preuve justifierait la nécessité de changer l’hymne national. Mais d’autres soutiennent son maintien, car Ahn Eak-tai a composé « Aegukga » en 1935, c’est-à-dire à l’époque où il militait activement pour le mouvement nationaliste et l’amour patriotique.