L’affaire prend de l’ampleur. Elle met en lumière un dysfonctionnement total de l’armée concernant la protection des victimes de harcèlement sexuel.
L’histoire remonte à début mars. Une sergente de l’armée de l’air a subi des attouchements sexuels de la part d’un sergent, plus ancien qu’elle, qui l’avait forcée à passer une soirée arrosée en petit groupe malgré l’interdiction liée au COVID-19. Elle en a alerté son supérieur hiérarchique le jour même, et elle a pris l’initiative de changer de base militaire. Mais elle a fini par se donner la mort le 22 mai dernier.
Sa famille a dénoncé le traitement scandaleux de ce dossier en postant cette semaine une pétition sur le site de la Cheongwadae. Selon elle, les officiels haut placés n’ont pas immédiatement séparé la victime de son agresseur, et ils ont tenté de la persuader de retirer sa plainte pour dissimuler l’affaire, ce contrairement au manuel déjà établi en la matière.
La police de l’armée de l’air a mis deux semaines pour mener sa première enquête sur l’agresseur suite à la déclaration de la victime, et neuf jours pour mettre la main sur son téléphone portable après la mort de celle-ci.
Finalement, le ministère de la Défense a saisi l’affaire. Son parquet a accéléré l’enquête en menant ce matin des perquisitions simultanées dans deux bataillons du corps d’aviation de combat concernés et la police militaire rattachée au siège de l’armée de l’air.
Par ailleurs, le président de la République a ordonné de ne pas limiter l’investigation sous l’angle des relations entre la victime et son agresseur, mais de l’élargir à toutes les hiérarchies institutionnelles. Autrement dit, le chef d’état-major de l’armée de l’air et le ministre de la Défense pourraient faire l’objet d’une enquête plus poussée.
L’un des intéressés n’a pas tardé à réagir. Cet après-midi, le chef d’état-major de l’armée de l’air Lee Seong-yong a présenté sa démission en déclarant ressentir une lourde responsabilité dans ce dossier. Et de présenter ses excuses et ses condoléances à la victime, à sa famille et aux citoyens. Sa démission a été acceptée par le président Moon Jae-in. Lee est la première personnalité à quitter son poste dans le cadre de cette affaire.