Alors que Moody’s a récemment abaissé la note de crédit des Etats-Unis en raison de leur niveau d’endettement et de leur déficit budgétaire, la situation budgétaire de la Corée du Sud attire également l'attention. Selon une annonce faite mardi par le gouvernement, sa dette a atteint 1 175 200 milliards de wons, environ 751 milliards d'euros, fin 2024. Soit 46,1 % du PIB.
La dette nationale sud-coréenne, qui s’élevait à 600 000 milliards de wons entre 2016 et 2018, est montée à 723 200 milliards en 2019. Elle a continué d’augmenter en raison de la pandémie de COVID-19, atteignant 846 600 milliards en 2020, puis 970 700 milliards l’année suivante. Le ratio dette/PIB, établi à 34,2 % en 2016, a également progressé de plus de 10 points en huit ans.
Cette tendance à la hausse devrait s’accélérer dans les années à venir, en raison du vieillissement démographique et du ralentissement de la croissance économique. Le Bureau du budget de l'Assemblée nationale prévoit que le ratio dette/PIB dépassera 80 % en 2040, 100 % en 2050 et atteindra 173 % en 2072.
Par ailleurs, au premier trimestre 2025, le déficit du budget de gestion s’élève déjà à 61 300 milliards de wons. Si un budget supplémentaire est adopté, le pays battra cette année le record du déficit atteint l’an dernier. D'où l’urgence d'une réforme structurelle et de mesures visant à renforcer la santé des finances publiques.
Dans ce contexte, les principaux candidats à l’élection présidentielle ont promis d’injecter massivement des fonds publics pour relancer l’économie, tout en réduisant la charge fiscale pesant sur les contribuables. Toutefois, ils ne précisent pas les moyens de réaliser ces objectifs en garantissant la durabilité budgétaire.
Dimanche, lors du débat télévisé, Lee Jae-myung, du Minjoo, et Kim Moon-soo, du Parti du pouvoir du peuple (PPP), ont tous deux déclaré qu'une hausse temporaire de la dette publique devrait être tolérée. Lee a évoqué la possibilité d’un second budget additif s’il est élu, tandis que Kim a estimé que l’endettement était inévitable pour soutenir les petites entreprises.
Cependant, si cette injection budgétaire ne débouche pas sur un regain de la croissance, comme l’espèrent les candidats, la dégradation des finances publiques pourrait s’accélérer, compromettant la crédibilité internationale du pays et entraînant une baisse de sa note souveraine.