Aujourd’hui, les sud-Coréens célèbrent un triste anniversaire, celui de ce que l’on appelle communément « l’événement du 4.3 » de Jeju, « 4.3 » faisant référence à la date du 3 avril.
Il y a tout juste 70 ans, jour pour jour, les habitants de cette île de l’extrême sud-ouest se sont élevés contre le gouvernement militaire américain qui dirigeait alors le sud de la péninsule, et contre les élections pour l’assemblée constitutionnelle qui devaient y être organisées le mois suivant. Un scrutin qui menaçait de sceller la division de la nation.
Une cérémonie officielle a été organisée aujourd’hui sur place en mémoire des victimes de la répression massive. Le président Moon Jae-in y était présent et a pris la parole. Il a alors déclaré que l’événement de Jeju était un fait historique que personne ne peut nier, et a salué aussi les efforts pour rechercher la vérité.
Dans le même temps, il s’est engagé à faire en sorte que toute la lumière soit faite sur ce soulèvement populaire. Pour ce faire, il a promis de prendre des mesures gouvernementales destinées à rechercher les restes des victimes et à guérir les plaies de leurs familles et des rescapés, et de se concerter avec le Parlement en vue de les indemniser ou de créer un centre d’aide psychologique.
Le mouvement en question avait été mené par le parti communiste des travailleurs sud-coréen de l’époque et a duré plus de sept ans. La répression était extrêmement violente, au point que près de 10 % de la population insulaire a été tuée.
Pourtant, ce mouvement est resté tabou pendant longtemps. Car les opinions divergeaient quant à sa nature. Il s’agissait, pour certains, d’une émeute populaire contre le pouvoir, et pour les autres d’une insurrection communiste. Ce n’est qu’en 2000 qu’une loi spéciale a été établie pour en élucider les circonstances et rétablir l’honneur des victimes. Trois ans plus tard, l’administration Roh Moo-hyun, l’alter ego de Moon, a reconnu le massacre par le pouvoir d’Etat de l’époque.