L’un des premiers regards du touriste, de l’expatrié, de l’étranger quand il arrive en Corée se pose sur les barres d’immeubles qui longent la route qui vous mène à Séoul. Ces grands ensembles d’appartements pouvant accueillir jusqu’à 100 000 habitants se nomment apateu. Ce sont des barres d’immeubles de 10 à 30 étages qui s’enchaînent, les uns derrières les autres et qui portent d’énormes numéros afin qu’on puisse les différencier, puisque dans une même zone ils sont généralement identiques.
Pour la Française que je suis, quand je suis arrivée à Séoul, je n’ai pu m’empêcher de penser aux cités HLM que l’on connaît et j’ai été très surprise d’apprendre que les Coréens recherchaient ce type d’habitations. Les Coréens sont- ils fous ? Pourquoi rêve-t-on d’habiter dans cet univers de béton ? Qui a envie de vivre dans une cage à lapins ?
Revenons un peu en arrière, remontons le temps. Au début des années 50, ce type d’habitation était inconnu pour les Coréens. En 1958, on est en pleine dictature et les apateu vont permettre de contrôler la population. En 1970, d’après une enquête, les Coréens disaient détester ces logements mais chose étonnante avec la modernisation du pays, ces apateu sont devenus un symbole de reconnaissance sociale et depuis lors, les Coréens désirent vivre dans un de ces complexes. Un cadeau très prisé par les jeunes mariés est un appartement dans un apateu. Mais pourquoi ?
Les apateu ne sont pas des banlieues HLM, il n’y a aucun problème social comme ce que nous pouvons rencontrer en France, ces « cités » ne sont pas excentrées. Elles sont soit dans la ville, soit elles sont situées près des autoroutes ou des grands axes routiers. Dans certaines d’entre elles, il y a même des bus de quartier qui circulent à l’intérieur. Ce sont souvent des quartiers résidentiels calmes qui permettent de garer sa voiture : point très important pour les Coréens.
Elles regroupent toutes les facilités que l’on peut rechercher : banque, garderie, école, supermarché, pharmacie, complexe sportifs etc. Les appartements qui sont à l’intérieur de ces buildings sont tout ce qu’il y a de plus confortables, l’isolation est très bien faite (très important pour survivre à l’hiver coréen), et ce sont en général des logements qui coûtent chers. L’avantage que les gens mettent en avant est la sécurité : les couloirs, les accès sont filmés. Il y a des barrières à l’entrée, avec des gardiens.
Les apateu coréens peuvent être comparés aux unités d’habitations que voulait développer le Corbusier.
Le seul problème, c’est l’esthétique. Je trouve très dommage que Séoul ne cherche pas d’autres solutions pour loger tous ses habitants. Cela me désole de voir des quartiers entiers de villas se faire raser pour mettre à la place des rangées d’apateu tous identiques.
Avec l’été, je dois avouer que l’appartement dans lequel j’habitais avant me manque. C’était un appartement dans une villa (en Corée c’est un immeuble bas de 5 étages maximum). Chez moi, il n’y avait que 3 appartements et il y avait une terrasse sur le toit, sur laquelle on faisait des grillades.