Après vous avoir offert la semaine dernière une biographie de la célèbre actrice coréenne Jeon Ji-hyeon, toute l’équipe de « Tout un cinéma » est heureuse de vous présenter aujourd’hui son dernier film, intitulé : « Blood : le dernier vampire ». C’est une coïncidence, mais il est amusant de constater – on pense ici au récent « Bakjui » - que l’actualité récente du cinéma coréen tourne beaucoup autour des films de vampires, un genre pourtant inhabituel au pays du Matin clair.
« Blood » est le troisième film du Français Chris Nahon, réalisateur appartenant à l’écurie Luc Besson, et qui a déjà réalisé « Le Baiser Mortel du Dragon » et « L’Empire des Loups », des projets très commerciaux d’inspiration hollywoodienne. « Blood » est l’adaptation filmée d’un dessin animé japonais du même nom, réalisé par Hiroyuki Kitakubo, en 2000.
Jeon Ji-hyeon, qui s’est bizarrement affublée du nom de Gianna pour son premier film international, y interprète Saya, une jeune adolescente japonaise, pour qui la puberté s’est très très mal passée : elle découvre qu’elle est en réalité... un vampire. En rebellion contre ceux de son espèce, elle les chasse et les tue froidement un à un, aidée de son sabre et de ses techniques ninjas. Elle est assistée dans sa mission par une société secrète appellée le conseil, et dont les membres, qui ont sans doute trop regardé Matrix, s’habillent de noir et aiment à jouer les mystérieux. La raison de vivre de Saya, c’est d’occire Onigen, une espèce de Voldemort nippon et mauvais, le plus méchant de tous les vampires, qui a tué ses parents lorsqu’elle était un bébé.
L’action se passe au Japon, dans le Tokyo des années 70. Saya est envoyée par le mystérieux conseil dans une base américaine de la capitale, pour y dénicher des « suceurs de sang ». Elle va y rencontrer une jeune lycéenne, Alice, qui l’aidera dans sa quête. Vêtue pendant la totalité du film de son costume d’écolière, Saya va vivre beaucoup d’aventures palpitantes, découper en fines tranches nombre de créatures gargouillesques assoiffées de sang, et finira par affronter Onigen dans un duel final sans trop de surprise... puisque le dénouement est déjà subtilement indiqué dans le titre du film.
Chris Nahon a voulu réaliser là un film très esthétique ; il use et abuse d’atmosphères sombres, de ses décors d’un Tokyo de carton-pâte, d’effets spéciaux hémoglobineux, de ralentis, de sauts improbables à la Tigre et Dragon, et de gerbes de sang qui font joli sur les murs. C’est un film d’action pour ados, sans aucune autre ambition : le spectateur de plus de 15 ans qui le regardera en baillant pourra s’amuser à y relever de nombreuses références peu glorieuses, comme par exemple le clip Thriller de Michael Jackson, pour ses zombies qui s’approchent lentement la bouche ouverte… ainsi que les films de ninjas à bas coût réalisés par le Hong-kongais Godfrey Ho dans les années 80. Les personnages sont hélas très superficiellement décrits, les dialogues sont plats, et les scènes d’action très convenues. Le film est gore et sanglant, sans le moindre soupcon d’humour. Même la révélation finale, façon Dark Vador, est sans surprise.
Malgré les limitations du film, Jeon Ji-hyeon tire très bien son épingle du jeu. Avec ses longues nattes et son regard triste, elle est convaincante dans ce rôle de vampire cool et assagi qui a choisi de boire son sang en petites bouteilles. Elle y parle un excellent anglais, au contraire de la Japonaise Koyuki qui interprète Onigen, et dont on a du mal à comprendre les longues tirades supposées nous faire frémir.
On regarde Jeon Ji-hyeon dans ce film avec la même tendresse et le même plaisir que lorsqu’on voit des amis passer à la télé, ou jouer dans un film : si le film est mauvais, au fond, ce n’est pas si grave... La belle actrice coréenne est d’ailleurs la seule raison valable d’aller voir le film : ni l’intrigue ni l’action n’ont de sérieuses chances de plaire aux spectateurs qui ont terminé le collège. Pour sa première participation à un film international, Jeon Ji-hyeon méritait largement mieux.