« White night » est le premier film du réalisateur Park Shin-woo. Ne vous laissez pas abuser par le titre : ce film ne vous emmènera pas dans la blanche féerie de Noël... mais plutôt dans un sombre univers de vengeance, de traumatismes, et d'amour fatal.
Le film, dont le titre coréen est « Baek ya haeng », ce que l'on pourrait traduire par « La marche dans la nuit blanche », est une adaptation d'un best-seller de l'écrivain japonais Keigo Higashino. Transposé à Séoul, il raconte une tortueuse romance, mêlée d'une enquête policière. Mi-ho, interprétée par Sohn Ye-jin, semble mener une vie sans histoire. Cette dessinatrice de mode à la plastique parfaite, toujours habillée de blanc, est sur le point de se marier avec un richissime chef d'entreprise. Mais derrière son éternel sourire crispé et artificiel se cache un très lourd secret, fil conducteur du film et de l'intrigue. Le penchant sombre à autant de blancheur est Jo-han, interprété par l'acteur bourreau des cœurs Ko Su, qui fait ici son retour sur les écrans après deux ans de service militaire. Jo-han ne rigole pas beaucoup : arborant en permanence un masque sombre, impénétrable et romantique, c'est un tueur, un assassin dont les macabres activités semblent à chaque fois lui retourner l'estomac, sans l'empêcher de continuer. Mi-ho et Jo-han ne cessent de se croiser, vivent côte à côte, mais ne se parlent pourtant jamais. Entre ces deux là se tapit une sombre histoire d'amour et de culpabilité.
Un policier est sur les traces de Jo-han. Dong-su, interprété par l'acteur vétéran Han Seok-kyu, est un vieux flic qui a perdu son fils il y a 14 ans, en enquêtant sur une histoire de meurtre, un crime mystérieux et toujours non résolu, qui semble étrangement lié au passé de Jo-han et Mi-ho. Avec ses tempes blanchies par le temps et la douleur, son éternel clope au bec, son regard désespéré et intelligent, Han joue avec conviction un Dong-su qui remonte les pistes une à une, collecte les indices, les témoignages, et va finir par découvrir la tragique vérité. Si la trame du film est policière, il s'agit avant tout d'un thriller psychologique : qui manipule qui, et pourquoi ? La succession de flashbacks permet peu à peu de reconstituer le puzzle, et tout le jeu pour le spectateur consiste à deviner ce qui se cache derrière les apparences, même si le mystère ne dure pas très longtemps. Reste alors la romance, un peu stéréotypée et très froide, à l'image du jeu des deux acteurs.
Le réalisateur Park Shin-woo ne recule pas devant l'utilisation à outrance de symbolique colorée pesante qui finit par nuire à son film. La photo est belle, les idées visuelles nombreuses et l'atmosphère très bien rendue, mais on finit par se lasser de ces images en noir et blanc constamment mises en opposition. Ironiquement, la scène finale, pleine de couleurs chaudes, est l'une des plus belles du film. Quant à la réflexion sur le thème de la victime devenue criminelle, elle est à peine effleurée, et est sans doute quelque peu caricaturale. Malgré ces limitations, le film reste solide, l'histoire tient debout, et la bande-sonore est réussie : « White night » offre un honnête divertissement qui devrait vous distraire pendant deux heures.