Aller au menu Aller à la page
Go Top

Cinéma & dramas

Obsessed ou le retour de Kim Dae-woo

2014-06-04

Séoul au jour le jour

Le réalisateur et scénariste Kim Dae-woo est de retour avec le film « Obsessed » qu'il a réalisé lui-même. Après le décevant « The Servant » en 2010 qui avait abouti à une série télévisée du même titre, on s'attendait au pire. Mais Kim Dae-woo revient en forme avec l'acteur vedette Song Seung-heon dans le rôle principal au service de la Next Entertainment World. Il est intéressant de voir comment le cinéma sud-coréen commercial se remet du traumatisme national causé par le naufrage du ferry « Sewol ». « Obsessed » est peut-être la première réponse.

*Intrigue historico-érotique
L'histoire du film est relativement simple : nous sommes en 1969. Un officier sud-coréen revient de la guerre du Vietnam. Sémillant officier mais un peu traumatisé tout de même, il rencontre une belle jeune inconnue, épouse de son assistant. Lui-même étant marié, seule une liaison dangereuse et néanmoins passionnée est possible. Dans l’entre-lac des ambitions des uns et des autres, une série de rencontres plus ou moins secrètes vont s'en suivre, chacune mettant en valeur la virilité de l'acteur et la sensualité de l'actrice. « Grafic » comme disent les anglais, ces scènes sont le vrai enjeu du film.

*Kim Dae-woo et la sensualité subversive
Le réalisateur Kim Dae-woo n'est pas prolifique. Il n'a réalisé que trois films : « Forbidden Quest » en 2006, « The Servant » en 2010 et « Obsessed ». Pourtant il est le co-auteur de nombreux scénarios de films remarquables dans l'histoire du cinéma coréen : « Kill the Love » en 1996, « An Affair » en 1998, « Rainbow Trout » en 1999 et « Untold Scandal » en 2003. Ce dernier film est l’un des grands succès du cinéma de la péninsule. La plupart de ces œuvres ont pour point commun des liaisons amoureuses dévoilant des personnalités féminines originales dont la sexualité est le centre vide obsessionnel. On retrouve cela dans « Obsessed ».

Fourvoyé dans une série télévisé, Kim Dae-woo semble revenir au mieux de sa forme et de son style : le flou artistique, l'ambiance pesante et poisseuse d'humeurs libidinales sont ses caractéristiques. Le choix de l'année 1969 convient au style de Kim, le cinéma sud-coréen de cette époque était alors remplis de films érotiques nimbés de flous psychédéliques.

*L'érotisme et star système
Les scènes les plus attendues du film sont celles où l'acteur Song Seung-hon se livre à des ébats érotiques avec sa partenaire illicite jouée par l'actrice Lim Ji-yeon dont c'est le premier film. Brebis blanche fascinée par le grand méchant loup joué par Song, elle est sur le point de s'ouvrir les portes du cinéma péninsulaire. Pour Song, c'est différent : star de séries télévisées pour la plupart romantiques et de quelques films de cinéma de niveau médiocre, l'enjeu est grand. Il s'agit de concrétiser sur l'écran sa renommée glamour auprès des jeunes femmes – les photos des scènes sexy, les vidéos sous la douche coupée au montage, et tout ce qui montrait la star un peu dénudée s'est arraché sur Internet avant même la sortie du film. Prouver sa réputation, il n'avait pu le faire jusqu'à présent tant ses films et séries étaient de faible qualité. C'est donc un double enjeu pour lui: assumer et jouer dans un film d'un meilleur niveau. Bien qu'interdit au moins de 19 ans, le film n'a rien de bien sulfureux. La censure continue à être illogique ou peut-être aide-t-elle le film à devenir un succès en jouant sur l'odeur du souffre.

*Film post-Sewol
Formaté comme un ripp-off de « Lust, Caution» de Ang Lee, Song étant l'alter-ego de Tony Leung, l'enjeu principal d’« Obsessed » est de tenter de devenir un hit du box- office dans la période de deuil qui a suivi le naufrage du ferry « Sewol » en avril. La promotion de la plupart des films coréens était en berne laissant les super-héros hollywoodien s'emparer du marché. « Obsessed » a aussi eu peu de promotion mais elle s'est faite quand même de manière détournée, en usant du sex-appeal de la vedette Song Seung-heon. La mort et le sexe, deux antithèses sur lequel que le cinéma sud-coréen semble vouloir jouer pour continuer à exister après le drame.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >