Etonnant couple (Ⅱ)
2025-07-30
L'actrice Son Ye-jin est depuis plus de quinze ans une figure essentielle du cinéma sud-coréen, à la fois pour son physique de « nouvelle » femme sud-coréenne modélisée par les plasticiens, et pour son jeu qui, à l'image de Jeon Do-yeon ou de Bae Doona, est plus naturel que celui des actrices à l'avenant. Pourtant, elle reste inconnue au niveau international. Sa filmographie en dents de scie explique beaucoup de choses.
* Un bon départ par la Chine mais...
Son Ye-jin est d'abord devenue une star en Chine avec le film « The Classic » de Kwak Jae-yong en 2001, un Jules et Jim féminin version étudiantes sud-coréennes et le drama « Scent of Summer » dans lequel son cœur transplanté retrouve son premier amour malgré elle, avant de s'apercevoir que tous les coeurs qu'elle se fait transplanter battent pour le même prince charmant. Elle enchaîne avec deux films pour le marché inter-asiatique : « A Moment to Remember » et « April Snow » de Hur Jin-ho, d'indécrottables romances qui font de Son le « premier amour national », un titre aussi envié que celui de l'ordre du mérite. Le problème, dès lors, est de sortir de son personnage devenu un cliché. Avec « Open City » en 2008 et « The Tower » en 2012, elle s'essaiera au film d'action et aux personnages de femmes de caractère. Mais ces films, médiocres, sont loin de changer la donne, surtout qu'elle rempile à la télévision dans les romances avec notamment l'adaptation du roman japonais de Hisashi Nozawa « Alone in Love » ou « Love Generation ».
* Le jeu naturaliste, une gageure sud-coréenne
Le modèle du jeu local vient de la tradition des masques et du sur-jeu codé. Beaucoup d'acteurs se contentent d'aligner les expressions toutes faites et stéréotypées. Le grand travail des réalisateurs de cinéma est de les forcer à aller au-delà de cette standardisation spécialement exigée par la télévision. Le naturalisme a pourtant fait des vedettes comme Ahn Sung-ki, Choi Min-shik ou Jeon Do-yeon (dans ses meilleurs films). Les traits fins du visage de Son lui permettent des subtilités qui n'échappent à personne. Le visage de cette actrice est « benchmarké » par les publicités pour la chirurgie esthétique faisant d'elle probablement la première modèle post-humaine de cette époque. Etre une publicité vivante limite ce que Son Ye-jin peut faire à l'écran. Son teint sera toujours frais et ses cheveux soigneusement coiffés. Malgré le peu de speechs tenu par la star - probablement limités aussi par contrat - et sa voix nasillarde on sent, dans ses derniers films une nouvelle volonté d'élargir la palette de son jeu.
* Grand retour ?
L'année 2018 semble marquer le grand retour de Son Ye-jin avec deux films et une série sur la chaîne JTBC. Auparavant, elle avait surpris ses fans dans « Bad Guys Always Die », une comédie d'action en co-production coréano-chinoise qui se déroule sur l'île de Jeju. Elle y jouait une convaincante femme fatale magnant les flingues et les arts martiaux en jeans et blouson de cuir. Un an plus tard, elle est une femme de politicien dans « The Truth Beneath » de la tenace Lee Kyong-mi qui a co-écrit ses deux films avec Park Chan-wook. Son Ye-jin tente d'y créer un personnage original bien que limité par les obligations, stéréotypées, du rôle de mère. Elle fait plus clairement un break en interprétant « The Last Princess », un biopic du roman national trop lourd pour le réalisateur Hur Jin-ho qui est encore à la peine depuis son blockbuster chinois « Les Liaisons Dangereuses ».
« Be With You », remake d'un film japonais, replace Son Ye-jin dans la romance teintée de surnaturel. Elle sert de faire-valoir au prince charmant nageur So Ji-sub sans évoluer dans son jeu ni ses rôles. Les carcans qui entourent cette actrice sont difficiles à défaire. Le « premier amour national » peut-il être éternel ?
2025-07-30
2025-08-01
2025-08-01
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