Parmi les porcelaines blanches datant de la fin de la dynastie Joseon, il existe un style nommé « dal hangari », qui peut se traduire littéralement par « pot de lune », en raison de sa forme ronde. En fait, la forme du pot n'est pas tout à fait ronde : les potiers coréens ont d'abord fabriqué deux grands bols et les ont ensuite déposés l'un sur l'autre, d'où sa forme dissymétrique. Le céladon coréen ayant déjà atteint un haut niveau artistique et technique à l'époque de Goryeo, l'« imperfection » du pot de lune est sans doute un effet recherché. Il semble que les ancêtres coréens préféraient les créations imparfaites tout comme la pleine lune qui n'est pas parfaitement ronde. De même, les sons qui proviennent de la nature ne sont pas toujours agréables à entendre. Les Coréens du passé cherchaient à reproduire les véritables sons de la nature, des sons qui sont imparfaits mais étrangement harmonieux.
Le geomungo est l'un des instruments traditionnels à cordes les plus connus en Corée. Au-dessus de caisse de résonance de cette cithare, 16 pièces en bois dur appelées « gwae » sont fixées côte à côte, et six cordes faites de fils de soie entremêlés sont tendues sur le dessus. Au lieu de la main droite, un bâton de bambou nommé « suldae » sert à pincer les cordes. Avec la main gauche, on place les tons en pressant fortement les cordes contre les gwae. La fameuse technique de jeu mais aussi la sonorité profonde et grave ainsi obtenue nous font parfois penser à celles d'une percussion. Les Occidentaux qui sont habitués aux sons clairs produits par le violon ou la harpe risquent de trouver ceux émis par le geomungo étranges. Selon une anecdote transmise dans le monde des musiciens coréens, lors d'une séance d'enregistrement, un ingénieur européen a demandé au joueur de geomungo de ne pas faire de bruit avec le suldae.
Le daegeum est un instrument à vent en bambou d'environ un mètre de long. Il est souvent comparé à la flûte traversière occidentale puisque le musicien le tient horizontalement en plaçant une extrémité sur l'épaule gauche, mais il a une sonorité unique. Si les instruments à vents européens sont bien connus pour leur son clair et raffiné, celui qui sort de la flûte coréenne est plus rauque. Le daegeum a un trou appelé « cheonggong » qui est recouvert de la membrane intérieure du roseau baptisée en coréen « cheong ». Dès que le flûtiste souffle dans ce trou, la membrane végétale vibre et crée un timbre original qui ressemble au son plaintif du cerf-volant. Ceux qui sont habitués à la sonorité claire de la flûte occidentale peuvent se demander si le son du daegeum n'est pas produit par erreur. Mais, une fois séduits par le timbre unique de la flûte ancestrale coréenne, ils risquent de trouver celui des instruments européens quelque peu ennuyeux.