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Le maehwa

Voici un poème datant du XIVe siècle et que l’on attribue à un certain Yi Gok, un dignitaire et homme de lettres. Il fait l’éloge d’une plante.


Elle vole au printemps sa lumière pour le devancer

Son corps mince et frêle brave le gel

Grâce à son caractère forgé par les épreuves

A l’écart du monde semblable à un char

Dont les roues et le cheval attelé disputent une course


Il s’agit d’un arbuste à fruits connu en Europe sous le nom d’abricotier du Japon. Cet arbre est cependant originaire de Chine méridionale. Et sa culture s’est répandue dans tout l’Extrême-Orient, y compris donc la péninsule coréenne. « Mei » en chinois, « maehwa » en coréen, nom qui désigne en réalité ses fleurs, il est apprécié en particulier pour sa floraison à la fin de l’hiver ou aux prémices du printemps. Il symbolisait ainsi pour les intellectuels confucéens, dont Yi Gok, un homme dévoué aux principes éthiques et persévérant malgré les épreuves. Comme un homme de principe est souvent solitaire, l’auteur du poème cité a imaginé la noble plante dans un endroit isolé, loin du vacarme au milieu duquel les gens se disputent pour leurs intérêts, même ceux qui sont chargés d’une mission commune, comme le cheval tirant un char et les roues du véhicule semblant être engagés dans une course.


« Prenez soin de mon maehwa », dit Yi Hwang, un grand philosophe confucéen du XVIe siècle, à son entourage avant de rendre son dernier souffle à l’âge de 69 ans. Des mots prononcés comme si, tout simplement, il allait s’absenter de sa maison pendant longtemps, voire comme pour tourner en dérision sa mort imminente.


A Andong dans le Sud-Est de la Corée, à Dosanseowon, une école fondée par cette grande figure du confucianisme, les visiteurs trouvent effectivement un peu partout cet arbre, ami des confucianistes. Est-ce le maehwa contemporain d’Yi Hwang et ayant survécu à sa mort ? Pourquoi pas, d’autant que cet arbuste est réputé pour sa longévité – on en trouve des vieux de plusieurs centaines d’années – et que ladite école servait de demeure pour Yi Hwang dans sa vieillesse ? En tout cas, certains touristes visitant le vieil édifice aimerait bien le croire pour mieux voyager dans le temps.


Voici quelques lieux incontournables pour ceux qui aiment particulièrement le maehwa. A Gwangyang situé dans le Sud-Ouest de la Corée, se trouve une colline dominant la rivière Seomjin. D’une superficie totale de quelque 300 000 ㎡, elle est presque entièrement recouverte de maehwa. Elle offre ainsi un spectacle inouï quand ces arbustes sont en floraison, que ses branches noirâtres sont ornées de pétales roses et blancs.


Quant aux maehwa dans le temple bouddhiste Geummunsa à Suncheon, une collectivité locale située à l’extrémité sud du pays, ils sont les plus courageux, car ils fleurissent au dernier mois lunaire, en plein hiver donc. Cela étant, il est vrai que le climat à Suncheon est relativement doux, même lors de la saison hivernale.

Il existe aussi un lieu où un arrière-plan rehausse la splendeur des maehwa en floraison. Les visiteurs du Hwaumsa à Gurae s’interrogeraient si les moines de ce temple avaient choisi des tuiles noires pour la toiture afin de faire valoir davantage l’éclosion de cette fleur dans la cour.


Mais, hélas ! Les belles fleurs de maehwa sont particulièrement éphémères. Peut-être que pour cette raison, certains les apprécient davantage.


Il existe toutefois, à toute époque, ceux qui lancent un défi aux lois de la nature. Selon une légende, ce fut le cas d’un certain Yi Deok-mu, un lettré confucéen jamais parvenu au rang des dignitaires, malgré son ambition, un passionné de maehwa. Alors qu’il était impuissant face à ce qui ne dépendait pas de lui, à savoir au jugement des examinateurs du concours d’Etat, il pouvait agir pour satisfaire son autre passion. A chaque fin de la floraison du maehwa, il reproduisait en cire ses pétales. Toujours selon la légende, il était tellement habile à cette confection qu’on prenait son ouvrage pour de vraies fleurs. Notre confucianiste semblant avoir été destiné à toute autre profession que fonctionnaire ne devait cependant pas être entièrement satisfait de son maehwa, car il manquait, à cette fleur artificielle, le parfum. Par ailleurs, on l’apprécie également pour son odeur douce et délicate. En somme, chaque chose a son temps ; il faut se contenter de saisir son bienfait à temps.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Hymne du maehwa » chanté par Ari.
  2. « Chant de maehwa » chanté par Song So-hee. 
  3. « Le maehwa est silencieux... » interprété par l’orchestre Cunhogahi.

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