Aller au menu Aller à la page
Go Top
Symboles du printemps

Comment représenter le printemps sur un tableau ? Sous le pinceau des peintres de Joseon, inspiré d’un beau paysage printanier, apparaissaient assez communément une plante et un oiseau : le saule pleureur et le loriot de Chine.


Prenons l’exemple d’une œuvre de Kim Hong-do, un peintre du XVIIIe siècle, le premier en Corée à avoir représenté la vie quotidienne, autant dire initiateur des scènes de genre. Sur le tableau, un homme à cheval, un noble sans doute vu sa coiffure, regarde à sa gauche, un peu en hauteur. Il semble avoir été surpris par le chant d’un loriot de Chine qu’il aperçoit dans un arbre, un saule pleureur commençant à verdoyer. A regarder de plus près, on s’aperçoit que le cavalier a l’air admiratif. Admire-t-il le chant de l’oiseau ou le vert clair des feuilles du saule pleureur, confirmant le retour de la saison du renouveau ? Les deux sans doute.


Comment représenter le printemps cette fois au moyen d’une danse ? C’est beaucoup plus compliqué que par la peinture. En voici toutefois une réalisation qui a été motivée par la piété filiale.


A l’occasion de l’anniversaire de sa vieille mère, un prince de Joseon, Son Altesse Hyomyeong, voulait lui souhaiter l’éternel printemps de sa vie, en exécutant devant elle une danse portant ce vœu. Il a alors habillé les danseuses en jaune, couleur du loriot de Chine, et leur a demandé de mimer cet oiseau sautant d’une branche d’arbre à l’autre.


« Ligoter le temps sans pitié avec une branche de saule pleureur... » Ainsi commence le chant « Nodeul gangbyeon », « Rive aux saules pleureurs ». En effet, la longue et mince branche de cet arbre est suffisamment souple et solide pour servir de corde. Les paroles citées veulent dire en réalité : pendre à un saule pleureur le temps qui passe impitoyablement. Tout en partageant la supplication du poète français Lamartine : « Ö temps, suspends ton vol », le parolier n’est toutefois pas allé jusqu’à imaginer le temps immobile, mais celui oscillant, et ce sans doute à l’image des branches du saule pleureur dansant doucement aux brises du printemps.


On connaît les circonstances dans lesquelles cette chanson particulièrement aimée des Coréens est née. Un jour de printemps, deux hommes, Shin Bul-chul, un célèbre humoriste des années 1930, et Mun Ho-wol, compositeur, revenaient de leur visite chez leur ami commun tombé gravement malade. A un embarcadère du Han, ils attendent un bateau pour regagner la rive nord de ce fleuve traversant Séoul. Il fait un temps magnifique. Et les saules pleureurs plantés au bord de l’eau leur inspirent la douceur et la paix. Ils n’arrivent cependant pas à se débarrasser du souvenir du visage triste de leur ami, fortement diminué à cause de la maladie. Finalement, par un simple échange de regards, ils se mettent d’accord pour renoncer à monter à bord du navire et se dirigent vers une buvette à proximité. Et c’est là, autour d’un verre, que Shin écrit un texte traduisant son état d’esprit, texte mis en musique sur place par Mun.


Un loriot de Chine ou une hirondelle, un autre symbole du retour du printemps ? C’est bien un oiseau jaune. Et pourtant, une chanson décrivant un loriot de Chine dans un saule pleureur, « Yangryuga », le met en garde : « Attention ! Tu risques d’être pris pour une hirondelle. » Les paroles font référence à une scène d’un numéro de pansori, le « Chant de Heungbu », dans laquelle Nolbu, le méchant frère de Heungbu, chasse des hirondelles. Un oiseau de cette espèce, dont son petit frère avait soigné une patte cassée, lui a fait cadeau d’une graine magique pour le rendre riche. Ayant appris le secret de sa richesse, Nolbu souhaite attraper une hirondelle. Il va lui briser une patte, puis la soigner, tout en s’attendant à recevoir son cadeau de remerciement. Aveuglé par la cupidité et la jalousie, il risque de ne plus distinguer les couleurs des oiseaux.


En évoquant le loriot de Chine et le saule pleureur, « Yangryuga » est bien un hymne au printemps. Un groupe de musiciens de gukak contemporains, Namu, a cependant trouvé que sa mélodie n’est pas assez joyeuse pour chanter le retour de la saison du renouveau. Il a alors adapté le chant en musique instrumentale marquée par la vivacité et la gaité.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Nouvelles feuilles du saule pleureur » avec Kim Cha-ja au geomungo, Yi Young au piri et Cho Yu-hoe au yanggeum.
  2. « Rive aux saules pleureurs » chanté par Kim Yong-woo.
  3. « Yangryuga » interprété par Namu.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >