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Culture

Le « hyo » ou la piété filiale

#Aux sources de la musique coréenne l 2023-05-04

Aux sources de la musique coréenne

Le « hyo » ou la piété filiale

Une jeune fille accepte de sacrifier sa vie pour réparer une bêtise de son père. Cela ne peut arriver bien sûr que dans un récit imaginaire. Il s’agit effectivement de ce que raconte un conte populaire coréen, connu aussi sous forme de pansori, « Simcheongga » ou « le chant de Simcheong ». Invraisemblable toutefois pour certains, notamment pour beaucoup de jeunes Coréens du XXIe siècle qui n’adhèrent pas tellement à une valeur traditionnelle : le « hyo », la piété filiale.


S’il est vrai qu’au niveau de la moralité, notre conte populaire consiste à prôner une vertu fondamentale du confucianisme, la décision de l’héroïne, Simcheong, peut être interprétée aussi sur un plan tout à fait réaliste. Donnant-donnant, la jeune fille devait rendre ce dont elle était redevable à son père. Rappelons que celui-ci est veuf et non-voyant. Que de peine il s’est donné pour élever seul son enfant ! Il lui fallait notamment se rendre tous les jours à un puits de son village en espérant tomber sur une femme assez compatissante pour accepter de donner le sein au nourrisson. « Ayez pitié de ma pauvre fille », suppliait-il. « Elle pleure, car elle a faim. »


La nourrisse remet le bébé dans les bras de son père. A l’entendre roter, le non-voyant imagine son sourire. Quel bonheur pour lui ! Bonheur de vivre. En fait, dans le désespoir lors de la mort de sa femme suite à un accouchement difficile, il avait pensé à la suivre dans l’au-delà. La prise de conscience que le nouveau-né était entièrement dépendant de lui a finalement chassé cette idée noire. D’une certaine manière, il doit donc sa vie à sa fille qui, elle, lui est redevable de la sienne. D’une façon ou d’une autre, que ce soit peu ou prou, nous sommes tous redevables les uns aux autres.


Alors qu’un miracle lui a sauvé la vie et qu’elle a épousé, dans des circonstances également fabuleuses, le jeune souverain d’un royaume mythique pour vivre dans un grand confort, Simcheong, incarnation de la piété filiale, croit que tout ce dont elle jouit est dû à son père et le regrette sans cesse. Elle tient aussi à ce que le non-voyant soit rassuré du sort de sa fille. Mais comment ? Elle vit dans un pays qui n’existe pas sur la carte et n’a donc aucun moyen de contacter une personne en dehors de son royaume.


Son chagrin est tel qu’un soir, à la vue du passage des oiseaux migrateurs dans le ciel éclairé par la pleine lune, elle a une idée folle : écrire une missive à son père et la confier à ces oiseaux qui lui semblent se diriger vers son pays natal.


Pour préparer un heureux dénouement, le récit raconte que le père de Simcheong apprend une merveilleuse nouvelle : pour faire plaisir à sa chère épouse, le souverain d’un royaume donne une grande fête à laquelle sont invités les non-voyants du monde entier. Il s’agit bien sûr de festivités qui ne peuvent s’organiser que dans un conte. Parmi les convives, figure bien évidemment celui que la reine désirait tant de revoir.


« Papa ! » s’écrie Simcheong en se précipitant vers son père. Celui-ci reconnaît la voix de sa fille. Il veut constater, de ses propres yeux, qu’il ne s’est pas trompé. Le vouloir ardent produit parfois un miracle. Le non-voyant recouvre la vue ! Le cri de joie poussé en même temps par le père et la fille est suivi d’un vacarme dans la salle. « Mais dites-moi ce qui s’est passé », se disent les autres invités. Ils n’ont jamais autant désiré de voir ce qui s’est produit devant eux. L’origine d’un miracle est parfois due à un désir ardent. Les convives non-voyants retrouvent tous la lumière !


Voilà quel bien peut produire la piété filiale, la gratitude d’un enfant à l’égard de ses parents, et ce non seulement pour eux, mais aussi pour autrui. Vive le « hyo » qui fut le fondement de la société coréenne traditionnelle !


Liste des mélodies de cette semaine

1. Un extrait de « Simcheongga » interprété par Oh Jung-sook avec Kim Cheong-man au tambour.

2. Un extrait de « Simcheongga » chanté par Sung Chan-sun avec Choi Woo-chil au tambour.

3. Un extrait de « Simcheongga » chanté par Jo Sang-hyun avec Park Chun-maeng au tambour.

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